Guèlèdè, est-ce une danse, un masque, une divinité, une entité sacrée ? Les festivaliers des Cultures du monde sont curieux de savoir. Marcel Zounon, grand connaisseur de Guèlèdè, s’est employé à l’exercice. Réponse.
Expert en Patrimoine culturel immatériel (Pci) et directeur de l’Ensemble artistique et culturel Towara, Marcel Zounon a accepté parler du Guèlèdè au festival de Gannat, jeudi 18 juillet 2024. Un plateau réservé aux cultures du monde avec en toile de fond la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Le thème de cette communication est : « Découvrir le Pci : Le Patrimoine oral Guèlèdè du Bénin ». En bon initié et maître initiateur, l’expert Zounon a dit l’essentiel que le profane peut savoir du Guèlèdè.
Il a d’abord abordé sa fonction qui se résume à « chanter, conseiller et éduquer, dire les comportements à avoir pour que la communauté vive dans la tranquillité et la paix ».
Il a aussi expliqué que le bois qui sert à fabriquer le masque est coupé la nuit : « Quand le bois est coupé dans la nuit noire, il résiste aux bestioles. » Mais avant de le couper, il y a « des rituels qui se font dans la forêt ». Ces rituels nécessitent de « l’eau, des boissons, des jets d’alcool et de prière parce qu’on ne coupe pas tous les arbres dans la forêt n’importe comment ».
Le communicateur utilise une pédagogie par l’exemple pour mieux capter l’attention et l’intérêt des festivaliers venus de plusieurs pays d’Europe mais également du reste du monde. En fait, il a fait venir un Guèlèdè sur les lieux afin de le faire découvrir avec force détails au public.
Ainsi par des gestes assez élaborés, il doigte la partie supérieure du masque, c’est-à-dire la tête, pour préciser qu’elle porte des scarifications dont il avait parlé peu de temps avant. Il poursuit : « Il a mis un chapeau Gobi comme mon chapeau pour montrer que c’est le style yoruba. Le Guèlèdè porte au pied des grelots en fer avec des chaussettes. Il garde en main des chasse-mouches à queue de cheval… »
Puis, le discours change. Les gens s’attendaient à ce qu’il aille au-delà de ce qu’ils voient. Mais Marcel Zounon avertit :
« L’intérieur nous n’allons pas vous le montrer parce qu’on ne vous a pas mis de l’infusion sur l’œil. Si les cameras filment, ce sera sur les réseaux sociaux et après on va m’interpeler au village pour que j’aille donner des rançons. Ça va être trop compliqué. »
Fortuné SOSSA