L’entrée en scène de la troupe de l’Orient de Chine s’est faite sur une note d’opéra. Des voix aigües et altos, avec des montées graves, stridentes qui embaument l’air comme pour envahir l’autre rive du lac Toho et ramener du monde de Gakpé et Savi. L’opéra et magnifique, magique. En fait le quatuor sur la scène est envoûtant.
Or, le public est bien là, amassé dans ce lieu de chaleur et de gaîté situé au bord du lac à Pahou en allant vers Tori. Dès l’entame du spectacle, le public est silencieux, les yeux fixé sur les artistes comme hypnotisé. Et le quatuor va et vient, fait vivement des vagues mélodieuses, change de tonalité comme par enchantement. Le jeu est langoureux et le public non habitué à ce genre de musique boit, avale au goulot comme du bon vin de palme.
Puis de l’opéra, la scène se détend davantage. D’autres artistes l’occupent. Ils se relaient. Ils vont et viennent sans aucun complexe, sans aucun doute d’être en face d’un public qui les découvre pour la première fois, un public qui pourrait ne pas se sentir concerné par un opéra.
Mais cet opéra envoûtant a fait aussi de la place à d’autres sonorités. La troupe de l’Orient de Chine ne se montre pas qu’orientale. Les tableaux se succèdent et se comptent entre la World Music, la salsa latino-américaine et diverses autres mélodies. Puis coup de tonnerre, l’une des cantatrices interprète ‘’Maman Africa’’ de la diva béninois Angélique Kidjo. C’est l’apothéose. Tout le public béninois reprend en chœur le refrain. Des plateaux de danse s’improvisent ça et là. On entend à répétition, comme dans un bal de nuit incontrôlé « Ché, Maman Ché, Maman Ché, Maman Africa… ».
La satisfaction est au summum. Les artistes se succèdent à nouveau sur la scène. Des mélodies accompagnées de danse contemporaine se laissent déguster. Danseuses et danseurs font montre d’une agilité acrobatique. La précision dans les gestes rappelle la présence dominante de la Chine sur les plates-formes olympiques. Quand les doigts ou les orteils commencent, tout le reste du corps déroule le mouvement avec une flexibilité harmonieuse.
A aucun moment le public béninois, majoritairement jeune, d’habitude allergique à des mélodies anciennes, n’a ronchonné. A aucun moment, le public ne s’est abstenir d’acquiescer par des sourires, des rires, des applaudissements, des pas de danse pour exprimer sa satisfaction. A aucun moment, le public béninois, si jeune et tourné vers les musiques urbaines, n’a perdu son temps à ce spectacle époustouflant donné par la troupe de l’Orient de Chine. Ce fut un merveilleux moment de fête.
Fortuné SOSSA