Osons vaincre le silence. Ils passent des heures la nuit, à crier les yeux fermés, dans le brouhaha de tam-tams et de chocs de mains. Arrachant ainsi le sommeil à l'écolier qui recharge sa mémoire, le fonctionnaire épuisé par le service public ; pire, ils embêtent le nourrisson dont la mère se nourrit de son repos.
Ils se réunissent dans un lieu horrible ; ils crient vers un Dieu qui a pourtant dit qu'il est notre prochain, qu'il est dans le malade mourant, le boiteux en déréliction, l'orphelin sans logis, le prisonnier injuste... Leurs cris ont-ils quelque chose de verticalement retissant ou de spirituellement intéressant à part qu'ils offensent le vivre ensemble et la laïcité de l'État ? Quel ''dieu'' ou ''Dieu'' violent et agressif servez-vous donc ? Qui n'a ainsi aucun respect pour le bon voisinage ?
Courage ! pour tous les citoyens blessés par la foi bruyante en vogue. Qu'ils cessent de se plaindre. Leur croix n'aura jamais de fin. L'État est en effet laïc. Il ne se préoccupe donc pas de rendre justice pour ses enfants qui sont dans l'enfer des temples installés pêle-mêle. Il ne s'intéresse pas de qui crie la nuit et pourquoi le fait-il. Laïcité, c'est le mot fétiche qui entraîne tout, excuse tout, justifie tout... et ne gâte rien.
Mais comme l'inaction et l'indifférence des pouvoirs publics sont symboliques, que jamais ils ne s'acharnent sur personne si un jour, essoufflés, les citoyens épris de Dieu et de justice saccagent temples, castagnettes, autels, tam-tams... laissant sur les cendres d'une église asociale, que du vide, où le vent souffle et purifie, et où la paix succède à des années de chagrins vécus en silence. Que l'Etat n'évoque en ce moment-là le droit dont personne ne dispose à se rendre justice sans avoir rappelé aussi celui dont personne ne dispose, dans la même République, pour embêter éternellement et impunément la vie de l'autre.
Ce n'est guère l'apologie du mal. Juste la dénonciation de l'injustice, du silence soupçonneux du Régulateur. Dans un couple l'enfant docile est certes le plus souvent rabroué, insulté, commandé, grondé. Et le récalcitrant laissé à lui-même parce qu'il est insupportable, fatiguant. Mais le réveil du fils calme, indolent par nature, est inconciliable. Attendons-nous d’en arriver là ?
Un magistrat, l'autre fois, était agressé pour n'avoir réclamé que son droit à la quiétude extérieure. L'information a un temps ému puis ... plus rien, on semble s'accommoder avec le mal des églises-quincaillerie. Non, ce n'est pas vrai ! Si vous voulez dépasser le Christ, faites-le dans les bonnes œuvres et non les tapages stériles qui grattent le ciel uniquement.
O Dieu, inspire-les davantage sur tes vœux et ta nature. Amen !
Sêmèvo Bonaventure AGBON
Abomey-Calavi, le 13 octobre 2019