Ancien commissaire du peuple à l'Assemblée nationale révolutionnaire (Anr), l’honorable Honoré Aguiar raconte avec émotion comment, élève, il est devenu un élu de la Nation. Reçu sur l’émission Portrait du jour de radio Bénin, il déplore le manque de militantisme aujourd’hui au Bénin.
« La première législature de l’Assemblée nationale révolutionnaire, organe suprême du pouvoir d’Etat d’alors, a été installée le 04 février 1980 à la suite des élections législatives nationales du 20 novembre 1979. » Militant très engagé au collège déjà, Honoré Aguiar sera l’un des plus jeunes élus à cette Assemblée nationale aux termes de « consultations démocratiques et populaires de toutes les couches de catégories socioprofessionnelles, réunies en assemblée générale, du quartier jusqu'au niveau du district, de la province et au niveau national pour certaines catégories. »
Honoré Aguiar a été reçu sur radio Bénin le dimanche 19 février 2023 sur l’émission Portrait du jour. A l’époque, les membres de l’Assemblée nationale étaient désignés Commissaires du peuple. « Le critère principal de candidature et de sélection, relate l’élu, est la pratique révolutionnaire sur le terrain. Il s'agit pour le candidat de prouver et justifier ses actes ou actions patriotiques dans son environnement devant l’assemblée générale qui statue. »
Cependant, la fonction législative était gratuite. Ce que conforme l’honorable Aguiar : « La constitution d’alors a seulement prévu des primes et indemnités de session. » Malheureusement, les membres n’ont rien perçu durant leur mandat. « Mes camarades et moi, avoue-t-il, avions servi la Nation sans rien en retour », fiers d’avoir participé à « l’éveil du peuple à une époque de notre histoire politique ».
Parmi eux, des femmes rurales très engagées et dynamiques aussi. Il témoigne : « Nos collègues femmes rurales participaient avec brio aux travaux et posaient des questions pertinentes qui étonnaient. Elles s’exprimaient en langues nationales traduites simultanément. »
L’Assemblée nationale révolutionnaire avait le pouvoir d’interpeler le président de la République qui « se présente en personne alors que sous l’ère du renouveau démocratique il peut se faire représenter ». Autre chose que révèle l’ex-commissaire du peuple, « la communication de nomination des membres du gouvernement et des préfets de province se prononce à la plénière de l’Assemblée nationale révolutionnaire par le président de la République ».
Après cette belle expérience qu’il a vécue sous l’ère de la Révolution marxiste léniniste, l’honorable Honoré Aguiar constate que maintenant « le militantisme a déserté le forum ». Il note avec amertume qu’aujourd’hui, « c'est la quête de l'argent qui prévaut » alors que « pendant la période révolutionnaire, étaient candidats les militants avérés les plus méritants. Et l'on ne dépense rien pour les campagnes électorales. Il n'y avait même pas de caution de candidature ». Face à cet état des choses, il conseille : « L'esprit de sacrifice, le militantisme et le patriotisme doivent être recherchés et cultivés pour que vive la Patrie. » Toutefois, il salue « la gestion dont fait montre le président Patrice Talon et l’encourage à aller plus loin ».
Fortuné SOSSA