La mise en œuvre du tarif extérieur commun (Tec) de même que la collecte de l’épargne au Bénin affichent diverses situations de mal gouvernance. Corruption, abus de confiance, faux et usage de faux sont autant de dysfonctionnements que relèvent des enquêtes menées par les journalistes Olivier Allochémè et Jacques Boko. C’est dans le cadre du projet « Pour des médias plus professionnels au Bénin, phase II, initié par la Maison des médias avec l’appui financier d’Osiwa. »
« Tarif extérieur commun (Tec) : La fraude comme voie de contournement » est l’intitulée de l’enquête menée par Olivier Allochémè, journaliste au quotidien ‘’L’Evénement Précis’’. Quant à Jacques Boko, journaliste à ‘’Matin Libre’’, son investigation a eu pour titre « Collecte de l’épargne publique au Bénin : L’arnaque défie la loi ».
L’enquête d’Olivier Allochémè révèle que le Tec est un accord de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui instaure « en principe une zone de libre échange » dans la région consacrée par une uniformisation des tarifs douaniers afin de mettre progressivement fin aux importations hors Cedeao. Or, l’application sélective de cet instrument unificateur par les Etats amène beaucoup d’acteurs à user de stratégies frauduleuses. Ce qui crée des manques à gagner pour les Etats. Par exemple, les tarifs douaniers pratiqués par le Togo étant plus avantageux que ceux du Bénin, beaucoup de marchandises sont détournées vers le port de Lomé. Olivier Allochémè analyse : « Plutôt que d’avoir à payer la douane, beaucoup de commerçants préfèrent passer leurs marchandises par la contrebande, occasionnant des manques à gagner à l’Etat. » Du côté nigérian, presque le même scénario. Malgré la fermeture des frontières par ce géant de l’Est, les commerçants nigérians comme béninois parviennent à contourner « le cordon sécuritaire » qu’il a mis en place.
En ce qui concerne l’arnaque relative à la collecte de l’épargne publique, investigation réalisée par Jacques Boko, « il se pose un problème de gouvernance du secteur, puisque ses structures et personnes physiques s’installent sans agrément et opèrent parfois sur une longue période en violation de la réglementation en vigueur, sans être inquiétées et puis disparaissent ». Mais l’article révèle cependant qu’il a eu des procès d’individus indélicats opérant dans le secteur. En illustration, à la Cour de répression des infractions économique et du terrorisme (Criet) en décembre 2019, « une structure (Mcap) dont les responsables ont collecté illégalement les sous des déposants à Allada et Abomey-Calavi, a fait plus 2000 victimes. Le jour de l’audience, la cour de la juridiction était noir de monde ».
Fortuné SOSSA