Après le spectacle de théâtre Héritages, Docteur Rose Ablavi Akakpo accouche du livre Le Retour des Ancêtres. Une pièce de théâtre qui appelle à la sauvegarde du patrimoine culturel africain.
De 69 pages et structuré en cinq situations, Le Retour des ancêtres est un ouvrage qui dit non au bradage du patrimoine culturel africain. Mieux, il réveille et révèle l’attachement des ancêtres à ces biens historiques et patrimoniaux. Même dans l’au-delà, ils veillent au grain.
Docteur Rose Ablavi Akakpo, enseignante à l’Institut national des métiers d’art, d’archéologie et de la culture (Inmaac) de l’Université d’Abomey-Calavi, a écrit le texte en octobre 2021 dans le cadre du projet Patrimoine en lumière dont a bénéficié l’Institut avec l’appui financier de l’ambassade de France près le Bénin, grâce au Fonds de solidarité pour les projets innovants.
En juillet 2022, le texte, mis en scène par Robert Asdé avec l’apport scénographique de Bertin Sossa, est joué sur le campus universitaire par des étudiants de l’Inmaac sous le titre Héritages. Lors d’une représentation de la même pièce à Ouidah, la maison d’éditions beninlivres est séduite par la thématique et la qualité inédite de l’œuvre. Le responsable, Esckil Agbo, aborde docteur Rose Ablavi Akakpo pour une éventuelle édition du texte. La mayonnaise a pris. D’où la sortie officielle du livre sous le titre Le Retour des Ancêtres ce 22 février 2024 dans l’amphithéâtre Etisalat du campus universitaire.
En jetant son regard critique sur le livre, le professeur des Lettres modernes, Fernand Nouwligbèto précise qu’en dehors de la thématique relative au bradage du patrimoine culturel africain, on y décèle également quelques autres thèmes comme la misère, la tolérance, le retour aux valeurs ancestrales…
En effet, la trame de la pièce tourne autour du vol du Asen, l’autel sacré dans l’ère culturelle Adja Tado. Le voleur vend l’objet sacré à des expatriés à prix modique. Or ce bien patrimonial sera revendu aux enchères en Occident à prix d’or. Le pot-aux-roses est su grâce à la radio.
Ainsi, docteur Rose Ablavi Akakpo vient apporter sa touche à la question de la protection et la défense du patrimoine culturel africain. Dans sa fiction, elle invite les ancêtres dans le débat. Ils ne sont plus de ce monde mais ils restent bien attachés à la conservation du patrimoine culturel. Ils en savent la valeur et tiennent à sa valorisation.
Du coup, le mystique se fait présent dans la pièce. L’appel des morts, le retour de la mort à la vie, la démonstration des forces spirituelles, l’interdiction de banaliser le sacré, etc.
Toutes choses qui amènent certainement le professeur Nouwligbèto à s’interroger : « Faut-il parler de retour des ancêtres ou de recours aux ancêtres ? » Il en conclut que « tout n’est pas rose » dans la pièce parce que « nous sommes complices du bradage de nos biens culturels ».
Somme toute, Le Retour des Ancêtres est un livre écrit avec beaucoup de rebondissements et de suspens. L’écrivaine Rose Ablavi Akakpo manipule avec une aisance stylistique la langue française doublée de références linguistiques empruntes à la langue béninoise Fon. Elle y apporte des touches lyriques assez fluides.
Fortuné SOSSA