Deux semaines d’atelier sur les techniques et accessoires de la danse Bata à Cotonou. Cofinancée par le Fonds des arts et de la culture et le Fonds du développement de l’artisanat, cette formation a été conduite par le maître chorégraphe Alladé Koffi Adolphe.
Trois tambours caractérisent le Bata, rythme identitaire des yoruba et nago du département du Plateau au Bénin. Dénommé Iya, le plus grand tambour, converse avec un deuxième de taille moyenne appelé Itotélé. Le troisième tambour est désigné Okonkolo. De taille toute petite, il garde le rythme.
L’illustration s’est faite à travers un spectacle de restitution des deux semaines d’atelier lors d’une cérémonie de fin des travaux le vendredi 02 juillet 2022. Le spectacle donne à voir différentes zones du corps en mouvement aux rythmes et sons des percussions. Les épaules, la poitrine, la taille, les hanches, les pieds des danseuses et danseurs, habillés essentiellement dans des tenues cousues par des pagnes tissés, bougent langoureusement.
« Les danseurs sont habillés en pantalon bouffant appelé Kem’bè et d’une chemise sans manche qui repose au bas de la cuisse du porteur appelée Da’ntchiki », explique Patrice Ahossou, porte-parole du comité d’organisation. En plus, chacun d’eux est coiffé d’une chéchia nommée Abeti Adja qui repose sur ses deux oreilles. Les danseuses, également vêtues de Kanvô, sont en Bom’ba et coiffées de Guélé. Quant aux percussionnistes, ils sont vêtus de boubou Agbada avec le chapeau Gobi.
Les différents accoutrements sont authentiques, confectionnés au cours de la formation. Tout s’est fait au cours de cet atelier pluridisciplinaire, du filage du coton en passant par le tissage du pagne, la couture des vêtements et la fabrication des tambours.
« Le projet permet de renforcer la collaboration et les échanges de connaissances pratiques entre les producteurs du coton, les tisserands, les artistes, les artisans, les apprenants et les porteurs d’initiatives de sauvegarde du rythme et de la danse Bata et du pagne tissé », souligne Patrice Ahossou.
Pour Clétus Guézo, directeur général du Fonds du développement de l’artisanat, le projet prouve à suffisance que l’artisanat et l’art sont de véritables atouts pour le développement du Bénin. Il rappelle que le pagne tissé du Bénin est labelisé et certifié. Ce qui rassure de la mise sur le marché international du produit.
Au nom du ministre du tourisme, de la culture et des arts, le directeur de l’Ensemble artistique national précise que le pagne tissé est sur le marché régional et sous-régional. Marcel Zounon poursuit : « Le Bata se retrouve comme un élément de percussion dans les pays de l’Amérique latine et les Caraïbes » alors qu’il est en voie de disparition au Bénin. Au regard de ce constat, il invite le directeur général du Fonds du développement de l’artisanat et son collègue des arts et la culture à davantage œuvrer pour la valorisation du patrimoine culturel sur tous les plans.
L’appel du représentant du ministre en charge de la culture n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. Comme son collègue de l’artisanat, le directeur général du Fonds des arts et de la culture, Gilbert Déou Malè rassure de la dynamique mise en place pour donner chaque jour corps et vie à la résolution du Président de la République de faire du tourisme le deuxième levier de développement économique du Bénin.
Gilbert Déou Malè rappelle qu’à la chaîne du métier du tissage du Kanvô, il faut ajouter celui de la teinte des fils et du pagne. Ce qu’on appelle Ahô dans des langues locales. Pour finir, il appelle tout le peuple béninois à la consommation du Kanvô et les tisserands à plus de professionnalisme et d’innovation.
Fortuné SOSSA