Travailler les muscles du bras, de l’omoplate, de la plante des pieds. S’étirer en se maintenant sur les orteils, les bras levés vers le ciel et le plus loin possible. Feri de Geus, maître chorégraphe hollandais, remet à niveau des danseurs au Bénin.
La formation des danseurs au Walo Dance Center est une réalité depuis début février. Intitulé ‘’Renforcement de capacité en danse, outillage chorégraphique et composition danse-théâtre’’, c’est une initiative de la compagnie de danse Walô en partenariat avec la fondation Le Grand Cru, financée par le Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas suite à un appel à projet de la Nuffic. Le formateur principal, coordonnateur du projet, est le chorégraphe Feri de Geus.
Il explique : « Je suis arrivé au Bénin pour rafraîchir la mémoire des danseurs, comme l’indique le projet. Nous revisitons des notions acquises par le passé afin d’amorcer ensuite de nouvelles techniques chorégraphiques. En fait, je leur apprends comment on peut mieux utiliser le corps pour exprimer des choses. »
En effet, dans sa recherche de la qualité, le formateur crée des mouvements qui racontent quelque chose soit dans la ligne, soit dans la forme, soit dans le sentiment. « J’ai commencé aujourd’hui, précise-t-il, avec une formation non codée. Ce qui oblige des danseurs à une grande concentration pour réaliser comment le squelette fonctionne, entre autres. »
Qu’est-ce qu’on peut faire avec la respiration ? Comment peut-on créer plus de flexibilité dans les mouvements ? Comment peut-on bien s’exprimer avec le corps ? Comment peut-on mieux utiliser la gravité ? Autant de questions auxquelles le chorégraphe tente des réponses à travers la gestuelle, les différents mouvements physiques et sportifs comme dans une discipline scientifique.
Les participants à la formation sont aussi bien des danseurs de la compagnie Walô que d’autres troupes. Il s’agit d’un mélange d’alumnis et de novices. Pour ce faire, Feri de Geus travaille beaucoup sur le niveau technique des uns et des autres afin de mieux les outiller.
Rachelle Agbossou, chorégraphe béninoise, directrice artistique de la compagnie Walô, est très satisfaite des notions que Feri de Geus partage avec eux. Elle dévoile : « Feri a opté pour qu’au cours de la restitution, toutes les connaissances acquises transparaissent dans un spectacle. » Ainsi, dans le spectacle on verra, de façon réelle, ce que chaque danseur a emmagasiné comme connaissance.
A cette formation, les danseurs sont nombreux, mais après, ils se mettront en solo, à deux ou au maximum à quatre pour créer. Rachelle se fait plus explicite : « Un spectacle avec beaucoup de gens sur scène est lourd à transporter, difficile à vendre. » Pourquoi c’est ainsi, elle clarifie : « Nous n’arrivons pas à sortir avec nos spectacles parce que c’est difficile d’avoir l’appui financier de son pays pour le transport international des groupes. Pourtant c’est toujours des spectacles de très haute qualité que nous faisons à la fin de chaque formation. » Elle illustre ensuite : « Notre création ‘’Tache my body don’t tache my body’’ par exemple est demandée en Martinique, mais nous n’avons pas obtenu d’aide pour effectuer le voyage. Donc pour permettre aux danseurs de valoriser les acquis et de représenter le Bénin sous d’autres cieux, nous avons opté pour des spectacles de petits formats sortables, vendables, transportables plus facilement. »
« Il y a beaucoup de talents ici », confirme Feri de Geus. Il n’est pas à sa première venue au Bénin pour le renforcement des capacités des danseurs avec la compagnie Walô. Sa précédente arrivée dans le pays remonte en 2017 ou 2018.
Fortuné SOSSA