Comédienne béninoise à succès, Florisse Adjanohoun fait partie des dix personnalités du monde à qui l’Etat tunisien a rendu un vibrant hommage à l’ouverture des Journées théâtrales de Carthage le 04 décembre 2021. Fiers de cette distinction bien méritée, des acteurs culturels béninois apprécient.
« Je rends gloire à l'Eternel sans qui rien ne peut être, Lui le Grand Architecte et Créateur et toute ma gratitude au Gouvernement tunisien pour son apport significatif quant à la reconnaissance et la mise en lumière des talents à travers le monde. »
Ce sont les premiers mots de la bienheureuse Florisse Adjanohoun à la tribune de la 22ème session du Festival international des Journées théâtrales de Carthage. C’est par une lettre officielle en date du 03 septembre qu’elle a été informée de sa nomination.
« […] nous serons très honorés de vous compter parmi les personnalités de marque à laquelle un hommage particulier sera rendu lors de la cérémonie officielle d’ouverture du Festival », précise le courrier. Puis le jour J, elle est effectivement invitée sur le géant podium pour recevoir des mains de Mme Hayet Guettat Guermazi, ministre tunisienne des affaires culturelles, un impressionnant trophée, le Tanit en hommage à l’ensemble de sa carrière théâtrale devant d’éminentes personnalités et des médias du monde.
Cette distinction de Florisse Adjanohoun a réjoui tout le peuple béninois qui a toujours cru en ses talents. En effet, première femme entrepreneure culturelle au Bénin, Florisse totalise sous peu trente années de présence artistique réussie sur des scènes et plateaux du monde. Comédienne professionnelle à plein temps, elle se laisse aller également par moment à la mise en scène.
Akambi Akala, comédien et ancien directeur de la cinématographie béninoise, « salue cette reconnaissance du talent de Florisse à un si haut niveau de visibilité. » Il ajoute : « Son parcours fait de foi, d'engagement, de travail assidu, de disponibilité professionnelle, mérite une telle consécration. » Akambi Akala a eu à travailler à ses côtés au théâtre comme au cinéma à plusieurs reprises : « Chaque fois fut pour moi un instant de plaisir. Florisse Adjanonhoun est un talent artistique certain et une femme dont l'humanisme, la beauté du cœur, ne peut vous laisser indifférent. »
Pour Christiane Chabi Kao, Florisse est « une immense artiste polyvalente ». Ce qui la différencie de beaucoup de comédiennes, « c'est sa capacité de concentration », dévoile Christiane, réalisatrice et plusieurs fois membre de jury dans de grandes rencontres cinématographiques. « Elle a cette faculté qui lui permet de camper très vite un personnage et de vous faire oublier Florisse au profit du rôle qu'elle incarne », justifie-t-elle.
Pascal Zantou, critique d’art, renchérit : « Florisse raconte avec bonheur des histoires des plus merveilleuses comme des plus abracadabrantes, se métamorphosant de personnage en personnage à l'intérieur d'une même histoire. Elle fait du monothéâtre à l'intérieur du conte théâtralisé, dans un spectacle de contes. Elle a le don de l'imitation, incarnant à souhait des rôles des plus variés : chanteuse, danseuse, diseuse d'histoire, etc. »
Carole Lokossou, comédienne professionnelle, en sait également beaucoup sur Florisse Adjanohoun. Sa détermination et sa force au travail est pour elle un bel exemple à suivre dans le métier. Elle affirme : « Du plateau à la scène ou vice versa, elle a toujours su donner vie et illuminer les personnages même les plus complexes. »
« Florisse c'est la scène ! » s’exclame Thérèse Isséki. Pour cette ancienne journaliste culturelle, elle est « l'incarnation parfaite de ses personnages qu'on finit par confondre à la personne de l'actrice ».
Soubérou Osséni, ancien administrateur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), parle de Florisse avec beaucoup d’émotions : « Quand on évoque le nom de Florisse Adjanohoun, je pense tout de suite à talent, elle en est bourrée. Je pense à énergie et même puissance. »
Le contraste est qu’on a du mal à la reconnaitre en dehors de la scène tant elle est calme, discrète et effacée. « Mais, renseigne Soubérou, c’est une bombe, un tsunami, un volcan dès qu’elle prend possession de la scène. C’est aussi une voix et un rire remarquables entre mille. »
Didier Nasségandé est à la fois comédien, dramaturge et metteur en scène. Il confirme : « Elle cherche constamment à être meilleure que le moment d'avant. Sans cesse, elle éprouve son corps, ses certitudes. » Didier comme beaucoup d’autres metteurs en scène ont eu à travailler avec Florisse. Il témoigne : « Ce qui m'a impressionné et qui peut faire cas d'école, c'est sa capacité à se remettre en cause et à s'ouvrir aux directives. Elle est une actrice si exigeante que l'on a parfois le sentiment qu'elle veut posséder la perfection. »
A Nicolas Houénou de Dravo d’ajouter : « Elle inspire et elle expire. Elle respire. Elle met tout le traumatisme qu’il faut quand elle est sur scène. » Nicolas Houénou de Dravo est aussi un excellent comédien béninois qui possède, par ailleurs, les techniques de la mise en scène.
« Elle a le parcours artistique le plus élogieux parmi les actrices béninoises », confie l’administrateur culturel Gaston Eguédji avant de poursuivre : « Si elle se souvient, j’ai eu à faire une discussion avec elle pour lui dire certaines choses. Peut-être qu’elle ne m’a pas cru. Mais ce qui est sûr j’étais franc en lui parlant. » Alors, sans langue de bois, l’administrateur du Fonds des arts et de la culture soutient : « Je la trouve très humble, très respectueuse. Je pense qu’elle mérite cette récompense. »
Et au dramaturge et metteur en scène émérite Ousmane Alédji de conclure : « C’est une bonne comédienne qui relève le défi de longévité au sommet de son art. »
Fortuné SOSSA