Des formations plus pratiques que théoriques. C’est au Centre de Formation et de Perfectionnement (Cfp Lolo Andoche) à Cotonou. Les grands maîtres de la haute couture Charlemagne Amoussou et son homologue Marc José Péro ont fait l’annonce vendredi au club de la presse béninoise Café Médias Plus.
Le duo Charlemagne Amoussou (Lolo Andoche) du Bénin et Marc José Péro de la Martinique en action. Ils se sont mis ensemble pour rehausser le niveau de la finition et de la qualité de la mode en Afrique à partir du Bénin. C’est « notre cheval de bataille » a lancé les deux éminences grises lors du Café Médias Plus de ce 26 février, invités à débattre du thème : « Formation professionnelle au Bénin : ce que proposent les créateurs de mode, cas du Cfp-Lolo Andoche ».
En bon spécialistes, ils partent d’un diagnostic frappant : l’état des lieux de la couture au Bénin. Une situation qui laisse à désirer surtout quand on observe la qualité de la finition des coupes et modèles réalisées. Une vérité qui saute à l’œil à en croire les deux experts dans le domaine de l’industrie vestimentaire. Les modèles créés çà et là manquent souvent de valeur ajoutée à travers un défaut de touche professionnelle pour être des produits concurrentiels sur le marché international.
« Nous avons regardé ce qui se passe autour de nous, les élèves que nous recevons, les gens de personnes qui veulent entrer dans la mode et le niveau de la mode en Afrique. Suite à cela nous avons dit qu’il faut que nous réglions un problème », détaille Charlemagne Amoussou. Mieux, renchérit-il, « il y a un manque criard de main-d’œuvre qualifiée. » Or, généralement, pour que le problème soit réglé, il faut que les gens aillent se faire former en Europe afin de revenir pour former ceux qui sont sur place. Malheureusement, cette formation en occident coûte excessivement chère.
Pour pallier à tout cela, Andoche Amoussou avec son label Lolo Andoche s’est associé Marc José Péro, spécialiste de la haute couture féminine, afin de créer le Centre de formation et de perfectionnement (Cfp Lolo Andoche). Situé à Fifadji à Cotonou en face d’Africa Land, le centre offre trois types de formation.
La première année en huit mois d’apprentissage formel en opérateurs modélistes. Les certifiés de la première année sont à même de réaliser des patrons et coudre. Ils sortent avec des connaissances avérées sur les notions basiques en couture. Mais c’est important pour eux de continuer en deuxième année. Car, souligne Lolo Andoche, en deuxième année, le modélisme est renforcé par le stylisme. A partir de cette formation, les apprenants « peuvent commencer par créer et coudre réellement ».
Le haut du sommet dans la formation c’est la troisième année. L’encadrement à ce niveau est laissé aux précieux savoirs de l’expert martiniquais Marc José Péro. Lolo Andoche insiste : « En troisième année il sera question de connaître le textile, savoir coudre les robes de soirée, les robes de mariage. Tout ce qui est complexe dans la couture. Et cette formation est purement pratique et se fera autour d’une même table de coupe ». Il souligne que le Cfp Lolo Andoche n’est pas que théorique. « Chaque coupe correspond à un modèle de tenue donnée et l’exercice se fait au fur et à mesure ».
Ainsi, le programme de la matinée dans le Centre est meublé de notions théoriques voire pratiques, mais pour s’occuper les après-midi, chaque apprenant part avec des exercices pratiques à ramener ensuite. Pour Marc José Péro, « la mode ne s’arrête pas aux vêtements, c’est aussi un état d’esprit, c’est de l’arithmétique, de la géométrie, c’est de la science humaine ». Cela demande de la concentration, de l’observation, des connaissances scientifiques et techniques.
Pour ce faire, la formation requiert un niveau académique minimum qui est celui de la classe de troisième des lycées et collèges pour les première et deuxième années puis le niveau Bac pour la troisième année. L’expert béninois explique : « Nous avons remarqué que ceux qui veulent se former aujourd’hui dans la mode, ce n’est pas les gens qui n’ont pas évolué à l’école. La plupart ont déjà le Bac. » Parfois, ce sont des gens qui ont fait jusqu’en deuxième ou troisième année d’université. Car, la couture n’est plus le métier où le patron tourne la machine et on le regarde faire afin d’arriver à reproduire les mêmes gestes. Cela exige plus de technicité de nos jours. « Il faut apprendre la mode technique, la mode scientifique pour pouvoir faire de la vraie mode. »
Il est à rappeler que le rapprochement entre ces deux experts de la haute couture s’est fait grâce à l’association Diaspora sans Frontières. C’est en septembre 2020 que l’annonce de leur partenariat et du projet de Marc José Péro de venir s’installer au Bénin s’est faite dans les médias.
Fortuné SOSSA