‘’Etats et cinéma en Afriques francophones’’ est le titre d’un essai scientifique sur le septième art dans les pays francophones d’Afrique. Sous-titré ‘’Pourquoi un désert cinématographique ?’’, c’est une photographie des problèmes majeurs du secteur, sous la coordination de Claude Forest, Professeur des Universités en études cinématographiques.
Publié aux Editions L’Harmattan dans la collection Images Plurielles : Scènes et Ecrans, ‘’Etats et cinéma en Afriques francophones : Pourquoi un désert cinématographique ?’’ est un travail de recherche sur le rôle des états africains francophones dans le développement du cinéma. De 416 pages, la rédaction de cette publication collective, conduite par Claude Forest, a mobilisé dix-huit auteurs de quinze nationalités africaines dont Arcade Assogba du Bénin. Le rôle de chaque contributeur au contenu a consisté à retracer l’histoire et les cheminements du cinéma depuis 1960, suivant l’évolution de la filière cinématographique de son pays respectif. L’ouvrage est subdivisé en trois grandes parties avec à l’intérieur de chaque partie des chapitres. La première partie est intitulée ‘’Les Etats francophones sous influence soviétique’’, la deuxième partie titrée ‘’Etats africains, cinéma et économies de marché’’ puis la dernière partie est consacrée ‘’Les états velléitaires’’.
Du diagnostic posé, il se révèle que sur la vingtaine de pays concernés, plus de la moitié ne possèdent au plus qu’une seule salle de cinéma en activité, et rares sont ceux qui arrivent à produire et distribuer régulièrement ne serait-ce qu’un film par an. Production, distribution, exploitation des films, mais aussi industries techniques n’ont jamais existé que dans une minorité de ces pays.
L’empreinte d’Arcade Assogba
‘’L’État et le cinéma au Bénin. Trajectoire d’un interventionnisme entre contexte monopolistique et libéral’’ est le titre de la contribution du jeune réalisateur Arcade Assogba à l’édition de cet ouvrage. Sa publication s’étend de la page 141 à 157. C’est un travail qui démontre à suffisance le manque de documentation et d’archivage en matière de cinéma au Bénin. « Au Bénin, une historiographie du cinéma reste à proposer », soulève-t-il comme préoccupation.
Pourtant, la Constitution du Bénin, en son article 10 fait obligation à l’Etat « de sauvegarder et de promouvoir les valeurs nationales de civilisation tant matérielles que spirituelles, ainsi que les traditions culturelles. » La Charte culturelle se fait plus explicite sur le sujet : « L’État béninois est le principal promoteur du développement culturel national. Le ministère chargé de la Culture en est l’organe central. Il stimule et coordonne les activités de tous les secteurs de développement qui y contribuent. Il encourage la libre entreprise en matière de promotion artistique et culturelle. »
Cependant depuis les indépendances, l’effort d’accompagnement de la production cinématographique locale par le gouvernement est demeuré faible. Or, le secteur, note Arcade Assogba, « a été auréolé en 2017 de l’Étalon d’argent de Yennenga, deuxième grand prix du Festival panafricain de télévision et de cinéma de Ouagadougou remporté par le film ‘L’Orage africain. Un continent sous influence’, de Sylvestre Amoussou ». Il va plus loin dans sa radioscopie : « Si le pays ne peut citer en exemple pratiquement aucune œuvre ayant bousculé les marchés du cinéma et les lieux emblématiques de reconnaissance artistique à l’échelle du monde, il faut remarquer que son roman national ne peut écarter les dynamiques de son cinéma né sous la période coloniale, sur un territoire qui va au-delà des limites actuelles du Bénin. »
La méthodologie du jeune auteur a consisté à faire un rappel historique du cinéma tel qu’il s’est implanté au Bénin au début du XXème siècle, suivant les contextes politiques et économiques de son évolution jusqu’au-delà des années 1990. Ensuite, en raison du peu de documents livresques et de production audiovisuelle consacrés au cinéma béninois et à sa trajectoire, il a eu recours à quelques témoignages de personnes ressources. Aussi, la Direction générale du Centre national du cinéma et de l’image animée du Bénin lui a été d’un grand concours.
Fortuné SOSSA