‘’Suru’’, une fiction de 26mn a été consacrée Meilleur film à la 8ème édition des Rencontres de Belles Images Africaines de Parakou (Rebi@p), dans la cité des Kobourou, du 4 au 14 décembre 2019. C’est un drame sociologique qui pose, sous un angle assez original, la problématique des enfants domestiques. La réalisatrice s’en sort avec un beau trophée accompagné d’un chèque d’un million de francs Cfa.
Le film ‘’Suru’’ de la réalisatrice béninoise Kismath Baguiri est un drame émouvant. Le scénario est conçu autour de la violence faite aux enfants placés mais avec une subtilité qui détourne l’attention vers les caprices de la femme africaine quand elle paraît plus nantie que son mari dans le ménage. Ce pouvoir lui tourne la tête au point où elle devient acariâtre. Pas de considération pour son mari. Pas de compassion pour sa domestique. Elle a d’yeux plutôt pour une personnalité politique avec qui elle vit en cachette un délice d’amour.
Ce qui fait la force de ce film, c’est le choix de la réalisatrice de pousser l’émotion assez loin, très loin même. Le jeu d’acteur est habillé d’un excès de violence morale, physique et psychique à rompre le cœur. La démarche, au-delà de l’histoire, s’apparente à celle du réalisateur américain Mel Gibson pour son long métrage ‘’Passion du christ’’. Impossible de rester de marbre en suivant ‘’Suru’’. Impossible de détourner son attention de la moindre action. Dès les premières secondes de la projection, ‘’Suru’’ scotche tel un objet magnétique.
Mais, au-delà de toutes ces considérations, c’est un film qui appel à la retenue, qui démythifie le pouvoir de l’argent parce que Béatrice finira par perdre au détriment du mari cocufié.
Rien de surprenant ! Kismath Baguiri, directrice de l’association Terre d’Ebène, jeune scénariste et réalisatrice, est connue pour la singularité de son écriture. Elle-même d’abord est une femme singulière. Elle se particularise par son charisme. Femme forte, remarquable et imposante par une tête toujours rasée ou les cheveux coupés à ras le crâne qu’elle assume sans le moindre complexe de féminité.
Cette rupture avec la plasticité dominante chez la femme africaine transparaît ainsi dans sa démarche artistique. Kismath crée le scénario avec énormément de suspens quitte à empêcher le cinéphile d’imaginer la fin. Et pour mieux transmettre cette émotion forte, elle recourt à des comédiens béninois exceptionnels notamment Carole Lokossou, intrépide directrice d’acteur ici dans la peau de Béatrice le personnage principal, Barnabé Affougnon connu aussi sur de grands plateaux de tournage tout comme Kocou Yémadjè sans oublier la jeune actrice émergente Gloria Sènamé Kougblénou dans le rôle de la domestique, Abiba.
Fortuné SOSSA