Les artistes rwandais sont composés en grande majorité, de la jeunesse qui représente 65% de la population. Ils sont hyper connectées, a l’image du monde actuel, ils ont des identités multiples de par les fractures historiques du pays, ils jonglent avec les normes imposées par la complexité de l’après génocide, les religions et la tradition qui souvent sont un amalgame, et le désir d’exprimer leur vision au monde.
Au vu des nouvelles matières qui se présentent cumulativement, un changement se convie dans le monde des arts au Rwanda. Peut-on prédire ou on va ? Quel est le regard que l’artiste rwandais contemporain porte à sa société? Quels sont les outils qu’il possède à sa disposition pour comprendre son histoire et aiguiser son regard ? Quels sont les enjeux des identités des créateurs ? Comment, pourquoi et pour qui créent-t-il ? Trouvent-t-il un équilibre à travers leurs multiples identités ? Comment cela s’exprime-t-il à travers leurs œuvres ? Une fois que celle-ci existe, quelle est sa valeur et son impact ?
« Autour de Moi », la première exposition a Kigali de la Maison Beaulier, n’a pas l’ambition de répondre a ces questions, elle se contente de les poser a travers cette sélection éclectique d’œuvres et d’artistes dont les petites histoires viennent s’imposer a la grande Histoire sous forme de peinture, photographie, collage, sculpture et installation.
Nous sommes invités à explorer l’interprétation de cet aujourd’hui, a travers le regard de ces artistes, pour la plupart établit, qui représentent une partie de la première vague contemporaine rwandaise.
Ils nous racontent la transformation et son processus et peut être bien même l’évolution de l’état des choses.
J’ai rencontre Kevin Beaulier et Nelson Niyakire, deux curateurs et artistes originaire du Burundi mais qui se réclament du monde. Ils forment ensemble la Maison Beaulier Kigali. Je voulais les entretenir de la communauté qu’ils ont l’ambition de créer a Kigali, mais surtout de l’exposition « Autour de Moi », son succès et ses défis a travers lesquels, nous avons fait ensemble, un tour rapide de la scène des arts visuels à Kigali
Comment l’aventure de la Maison Beaulier a-t-elle commencée ?
Kevin : Il y a deux ans à Stockholm, je voulais créer une communauté d’artistes, d’amoureux de l’art et de collectionneurs.
C’était une de façon a réunir les amis créateurs sur un même toit, une plateforme pour s’inspirer, échanger des idées, s’échapper du cote un peu up tight des institutions à Stockholm, pour lesquelles je travaillais. Le but étant de faire une gallérie moderne avec de la musique, des happenings, du design, de l’art. Je voulais avoir un coté Under dog cool tout en restant à cheval sur la qualité.
Dans quelle institution travaillais-tu à Stockholm?
Je travaille encore pour la DDB, c’est une agence de pub, en tant que stratégiste, je m’occupe aussi du PR et des réseaux sociaux.
Deux carrières en même temps. Se rejoignent-elles ?
Kevin : Je dirais que mon travail de PR inspire beaucoup la façon dont nous bâtissons notre brand, qui est bâtie sur les piliers de la pub. Les thèmes, le langage visuel. Quand on a commencé c’était plutôt en secret location à Stockholm, ensuite on s’est étendu a Munich ou j’ai organisé ma première exposition « Porosity of borders » qui était beaucoup inspirée par mes voyages entre Stockholm et Munich du au travail. Je trouvais cela intéressant d’observer ma propre situation en tant que Suédois-Burundais toujours entre les frontières de Stockholm, Munich, Milan etc., d’où le titre de l’expo, qui m’a été souffle par Nelson d’ailleurs.
Ah vous vous connaissiez déjà à l’époque ?
Nelson : Oui, nous nous sommes rencontre à Buja en 2012. Il avait déjà cet attrait pour les artistes. Il a rencontré Chris Shwagg (photographe congolais vivant aujourd’hui à Kigali) qui nous a présentés. Ensuite, pendant que je faisais mes études à l’académie des beaux-arts à Marseille, en 2016, il a organise ma toute première exposition européenne a Stockholm. Nous sommes restes en contact depuis, en temps qu’amis mais toujours avec la volonté de travailler ensemble. En 2018, j’ai décidé de quitter Marseille et de venir vivre a Kigali ou j’avais fais un séjour en 2015 pendant les crises du Burundi. Je voulais d’abord tâter le terrain et voir comment les choses se passent, en faisant l’expo Mumasangano avec Rwanda Arts Initiative en Mars 2019. Son succès m’a conforte dans l’idée qu’on pouvait faire quelque chose ici. En Fin Avril, Kevin est venu à Kigali et nous avons décidé de travailler ensemble à créer un lien à Kigali avec toutes les Maison Beaulier, celle d’Atlanta, Milan, Munich et Stockholm.
Kevin : En fait ma vision c’est de créer une communauté d’artistes partout où je vais, mélanger des artistes partout où on a exposé. Kigali pour moi c’est un retour aux racines, c’est pour cela que j’ai décidé de déplacer la maison mère ici. Pour être base ici et aller au monde d’ici. On a donc créé une boite ici. Je le fais avec Nelson.
Comment se présente votre plan ?
Nous travaillons à créer notre propre espace au Rwanda car nous nous sommes rendus compte qu’il y a une demande et un besoin, à la fois pour les artistes, pour s’exprimer, mais aussi un espace adapté au public, qui rend l’art accessible.
Nelson : Nous travaillons à la vulgarisation de l’art
Comment a réagi le public rwandais à l’exposition Autour de Moi ? Car justement c’est un public qui n’a pas l’habitude de voir ce genre d’exposition
La première réaction est toujours forte. En général c’est une bonne réaction. Ce que j’ai compris, c’est qu’au Rwanda, on n’a pas l’habitude d’endroit consacrés à 100% à l’art, sans discours derrière ou un autre programme ou évènement qu’il nourrit.
Est-ce pour cela que c’était difficile de trouver un espace pour faire l’exposition ?
Nelson : C’est vrai que l’espace peut être problématique. Nous avons eu un défi avec l’espace. Nous étions sensé faire l’exposition à l’école d’architecture, c’était entendu avec le management de l’école, ensuite nous avons été interrompus a 2 jours de l’évènement car ils avaient changé d’avis et qu’ils voulaient qu’on paie 10,000 dollars pour utiliser l’espace pour 1 mois. Ce problème nous a obligés à chercher un autre endroit, ce qui nous a beaucoup retardés et confortés dans l’idée qu’il nous faut créé un espace dédié qui appartiendrait aux artistes.
Selon ton expérience des autres endroits où tu t’es établis assez facilement Kevin, qu’est ce qui explique le manque d’espace dédié à l’art à Kigali ?
Kevin : Je pense qu’il n y a pas encore de gain donc on n’en voit pas encore le besoin pour l’instant.
Nelson : Depuis que le Centre culturel Franco Rwandais a ferme, il n y a pas eu d’espace dédié a l’art e on s’est déconnecté avec l’institutionnalisation de l’art. Des petits studios on pousse un peu sauvagement et de manière peu structures et isolé. Il n’y a pas vraiment de galléries donc pas la possibilité de voir ce qui se passe sur la scène des arts visuels au Rwanda, qui pourtant est riche.
Kevin : Si on compare par rapport au autres pays, ou la culture est exprimé à travers l’art visuel, ici ce cote est venu un peu tard et a été peu exploite. Ça change vite.
Alors a quoi pensez vous que vous devez le succès de « Autour de Moi » ?
Kevin : La persévérance. Nous croyons en ce que nous faisons. On pense à 20 d’ici, 30 ans et on s’imagine grandir. C’est pour ca que nous l’avons autofinancé, parce que nous y croyons.
Comment vous avez procédé pour la curation ? Quels étaient vos critères ?
Nelson : Nous sommes partis des artistes, de leurs histoires et du traitement de leurs œuvres. C’étaient vraiment des choix personnels, des artistes qui nous touchent. Bien sur ceux que nous n’avons pas sélectionnés restent des artistes contemporains.
Avec le thème Autour de Moi, on voulait donner un moyen aux artistes, de s’exprimer avec leur propres voix, pour qu’ils puissent raconter un état des lieux de l’art, de l’artiste, et de la vie à Kigali. Qu’ils puissent raconter leurs voyages, un premier amour etc. Des choses liées à leur histoire personnelles sans nécessairement parler de l’histoire générale du pays. Que vivent-ils aujourd’hui et comment ? C’était une plateforme pour raconter leur temps sans nécessairement parler de l’histoire de leurs parents.
Pensez-vous qu’une telle exposition mets les artistes au défi et les pousse à se dépasser ?
Nelson : Je pense que ça met la pression bien sûr, ils sortent de l’isolation de leur studio, d’où ils ne sont pas vraiment confronte aux autres artistes, donc oui ça ouvre les esprits.
Alors quel menu proposez-vous pour le futur de l’art visuel au Rwanda ?
Kevin : Nous aimerions proposer aux artistes non pas seulement un espace, mais les aider et les guider. Kigali regorge de talent mais il y en a beaucoup qui ne sont pas nourri, taillée. Nous aimerions aussi les aider avec notre réseau, organiser des résidences pour améliorer leur art et leur talent et être reconnu à la maison et de part le monde.
Natacha MUZIRAMAKENGA