A priori, chaque artiste africain peut prétendre être dans un combat pour une renaissance affinée de l’Afrique. Les artistes de tous les pays africains, de tous les genres artistiques, peuvent se défendre d’être des éveilleurs de conscience. Mais, Siriki Ky ne fait de la défense de l’Afrique un tabou. Il n’est pas dans une démarche créative floutée. A priori.
Siriki Ky est dans un engagement permanent pour la juste cause sociopolitique structurante du continent noir. Plusieurs de ces créations sont chargées d’émotions qui suscitent soit le chagrin ou la révolte. Le chagrin de voir l’Afrique stagnant dans l’enlisement. La révolte de voir l’enlisement sauvagement orchestrée par l’Occident.
L’œuvre ‘’L’Afrique face à son destin’’ présente dans l’exposition panafricaine d’art contemporain ‘’Prête-moi ton rêve’’ à Casablanca en est une illustration. Un montage métallique de représentations humaines colorées et posées sur une bâche en plastique. L’œuvre présente les Africains dans des postures de demandeurs face aux Européens en position maligne de donneurs-repreneurs.
Les Africains portent des boîtes de tomates sous les bras comme des enfants talibés mendiant dans certaines régions de l’Afrique subsaharienne. Mais ces boîtes de tomates sont porteuses de messages vantant la qualité du sous-sol africain. Par contre, en face, les Blancs ont des sacs sous les bras comme des institutions financières de prêts.
Ainsi, l’œuvre de Siriki Ky schématise à suffire le paradoxe que vit l’Afrique : un continent au sous-sol immensément riche mais qui se trouve être le plus pauvre de la planète parce que dévaster depuis des siècles et de façon permanente par l’Europe. L’or, le diamant, la bauxite, l’uranium… autant de richesse qui ne profite qu’à la France et au reste du monde occidental qui passent pour les plus puissants de la planète et des donateurs, que dis-je, des donneurs de leçon à l’Afrique.
C’est une caricature qui pousse à la révolte parce que le problème posé ici, au-delà de l’artistique ne peut laisser de marbre tout Africain qui tient au décollage du continent. « Il faut que ça cesse ! » doit pouvoir se dire chaque Africain désormais. Et c’est à cela que l’artiste, professionnel de l’assemblage et de la soudure du fer, semble inviter chacun. Un appel qu’il lance pour un sursaut patriotique, un réveil collectif. Mais cet appel s’adresse prioritairement aux gouvernants qui signent régulièrement des accords secrets avec la France et le reste de l’Occident pour enfoncer l’Afrique dans des compromissions sans fin dont la conséquence sévère est le dépouillement douloureux du continent de ses ressources minières.
Fortuné SOSSA