Comme en 2022 à Rabat au Maroc, la République du Bénin vient de briller par son absence à la réunion du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une réunion qui se tient à Kasane au Botswana du 04 au 09 décembre 2023 sous l’égide de l'Unesco.
Pratiquement tous les Etats partis à la Convention de 2003, Convention relative à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’humanité sont à Botswana dans le cadre de la 18.Com de l’Unesco. Certains pays sont présents avec de fortes délégations en vue d’inscrire certains éléments de leurs propriétés culturelles au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
C’est le cas, par exemple, du Cameroun qui est à la réunion intergouvernementale avec une délégation impressionnante composée de décideurs, administratifs, experts du patrimoine, journalistes, etc. Ce pays a d’ailleurs inscrit déjà au moins un élément au patrimoine mondial au cours de la session. Il s’agit du Nguon, rituels de gouvernance traditionnelle et expressions associées dans la communauté Bamoun.
C’est donc avec beaucoup d’amertume qu’on note l’absence du Bénin à cette réunion importante de l’Unesco. Le vide est si perceptible que les organisateurs ont dû enlever le siège réserver au représentant du gouvernement béninois et ranger l’indicatif du siège.
Or, le gouvernement béninois ambitionne faire du tourisme le deuxième levier du développement économique du pays après l’agriculture. Une ambition est bien légitime parce que le pays dispose de beaucoup d’éléments patrimoniaux qu’il peut faire valoir au niveau mondial à l’Unesco. On peut citer par exemple la boisson Sodabi pour le savoir-faire artisanal, les pratiques sociales et connaissances liées à sa préparation et utilisation.
La réunion intergouvernementale annuelle de l’Unesco se révèle être alors la tribune par excellence voire l’unique pour inscrire un élément au patrimoine mondial de l’humanité. Le Bénin a d’ailleurs de multiples danses, pratiques sociales, fêtes identitaires… aux savoirs et savoir-faire multiples à l'artisanat à faire valoir à cette tribune.
Questionner par voie numérique sur le sujet, Marcel Zounon qui participe à cette réunion de l’Unesco au titre de la société civile, déclare : « C'est ici l'occasion de défendre les projets locaux, régionaux et internationaux pour accompagner l'effort du gouvernement de notre pays. » Il renchérit : « L'Unesco, dispose des lignes budgétaires pour accompagner les États soumissionnaires à la Convention 2003. Il suffit d'en faire la demande par une autorité assermentée. »
Au regard de ce qui précède, on est en droit de se demander ce qui met si tant le Bénin à la traine. Pourquoi cette absence répétée aux réunions du Comité intergouvernemental des Etats partis de la Convention de 2003 ? Cela cacherait-il une certaine incompétence des cadres du ministère en charge de la culture notamment ceux de la chaîne de la promotion du patrimoine culturel ?
De toutes les façons, le pays devant accueillir la 19ème réunion de l’Unesco pour les inscriptions au patrimoine culturel immatériel de l’humanité est déjà connu. Il s’agit du Paraguay et ce sera du 02 au 07 décembre 2024 dans la ville d’Asunción.
Nous espérons que cette fois-là, le Bénin sera officiellement présent pour faire admettre dans le rang de l’humanité tout au moins un élément du patrimoine culturel immatériel national. Peut-être que, comme le Paraguay n’est pas sur le continent africain, les gens vont vouloir coûte-que-coûte aller découvrir ce pays et présenter une longue liste nominale à cet effet au Président de la République.
Fortuné SOSSA