Prêts pour occuper le marché, ils le sont. Prêts pour tenir sur de grands podiums, ils le sont également. Les étudiants du Département de musique et art dramatique de l’Institut national des métiers d’art, d’archéologie et de la culture (Inmaac) foisonnent de talent.
En quatre mois d’apprentissage pratique intense du savoir-chanter et des instruments musicaux, les étudiants du Département de musique et art dramatique de l’Inmaac surprennent déjà par une bonne maîtrise des arts de la scène. Ils en ont donné la preuve le 06 juillet 2023 dans l’amphithéâtre Idris Déby du campus universitaire d’Abomey-Calavi.
Sur un répertoire assez varié, ils ont fait voyager le public sur vingt-deux morceaux du sud au nord du Bénin. De la musique traditionnelle à la musique moderne en passant par la musique moderne d’inspiration traditionnelle. Tout y est : interprétation de chansons de Sagbohan Danialou, Gnonas Pedro, Stan Tohon, Janvier Dénagan, Angélique Kidjo, Kiri Kanta, Yédénou Adjahoui, Gbessi Zolawadji, Alèkpéhanhou, Les Frères Guédéhounguè, etc. Des morceaux composés par eux-mêmes dans le Département ont été également exécutés.
Avec beaucoup d’enthousiasme, ces apprenants, une trentaine de la première en troisième année, ont démontré au public qu’au Département de musique et art dramatique de l’Inmaac, la formation est au beau fixe sous la conduite professionnelle du doctorant Bertin Sossa Guédéhoungué doublée de la dextérité de la cheffe du Département, docteur Rose Akakpo.
Dans une complicité académique et pédagogique, docteur Akakpo et son collaborateur ont moulé les étudiants dans une multitude de sonorités béninoises et internationales. Ils les ont amenés à dompter le stress et la timidité face à la foule. Ils leur ont appris à savoir utiliser mélodieusement leurs voix et jouer harmonieusement aux instruments de musique aussi bien traditionnels que modernes. Ils leurs ont appris à réaliser d’impressionnantes chorégraphies aussi.
La cheffe du Département confie : « La plupart ne savaient ni chanter ni jouer aux instruments de musique avant leur entrée dans le Département. » Et la super star du groupe a pour nom Glomépad Viwadinou, handicapé visuel et étudiant en troisième année de musique. « Avant son arrivée à l’Institut, il jouait à la batterie, témoigne docteur Rose Akakpo. Mais c’est à l’institut qu’il a appris à chanter. » Grand de taille, pausé et méthodique, il s’impose par son travail comme le lead vocal de l’ensemble, capable de chanter sur diverses gammes sans jamais mélanger les pédales.
Fortuné SOSSA
Encadré : Boycott des enseignants de l’Inmaac !
L’amphithéâtre Idris Déby est resté clairsemé tout le temps qu’a duré le concert des étudiants. Les étudiants des autres Départements de l’Inmaac n’y étaient presque pas. Les étudiants d’autres entités du campus universitaire n’y étaient pas non plus.
Plus grave, c’est l’absence du personnel enseignant et administratif de l’Institut. A part le directeur, professeur Romuald Tchibozo et le doctorant en étude théâtrale Tony Yambodè, aucun des autres enseignants de l’Institut ne se retrouvaient nulle part dans l’amphithéâtre. Certes, à l’entame du concert, le directeur a déclaré que les autres enseignants de l’Institut étaient en mission à Porto Novo. Pourquoi en ce moment précis ? Cela ressemble fort bien à un boycott.
Pourtant le concert « vise à montrer les acquits en musique et en art dramatique à la communauté universitaire » d’un part et « à valoriser notre patrimoine musical », d’autre part. C'est un projet qui s’inscrit dans le prolongement de la formation en musique et art dramatique. Plus précisément, dans le cadre des Unités d’enseignement intitulées "Projet collectif" et "Spectacle de fin d’année".
Du coup, un moment propice pour apprécier collégialement ce travail d’expert réalisé par docteur Rose Akakpo et Bertin Sossa Guédéhoungué qui intervient à l'Inmaac de façon bénévole. Un travail ingénieux abattu juste en quatre mois de pratiques intensives avec la contribution financière des étudiants eux-mêmes, de la cheffe du Département et de personnes de bonne volonté.
Fort heureusement, le recteur de l’université s’est fait représenter au concert par docteur Patrick Effiboley, chef du Département d’histoire et d’archéologie sur le campus. Puis, il est resté du début jusqu’à la fin, déplorant l’absence massive des autres étudiants et enseignants de l’Institut.
On notait aussi la présence remarquable de Mme Fabienne Bidou, directrice déléguée de l’Institut français du Bénin. Par ailleurs, l’éminent artiste Alougbine Dine, directeur de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb) était là, accompagné d'une forte délégation des étudiants de son Ecole. Ce qui est encourageant.
FS