‘’Danse et droits humains’’ est le thème autour duquel la compagnie Walô a créé quatre spectacles de danse, au terme de la formation de treize danseurs initiée par la compagnie Walô en partenariat avec la fondation hollandaise Le Grand Cru, sur financement du Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas porté par la Nuffic. La restitution des créations s’est faite le 19 mars à Walô Dance Center.
‘’Sans toi je suis moi’’, ‘’Algorithme’’, ‘’Le bien et le mal’’, ‘’Opprimés’’ sont les titres des quatre spectacles créés par les participants à la formation de la compagnie Walô avec le concours du Grand Cru. Ces spectacles sont le fruit de deux mois de résidence sur financement du Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas, financement obtenu par la Nuffic.
‘’Sans toi je suis moi’’ met en scène quatre danseurs, un homme et trois femmes. Un quatuor composé de Koladé Dakpogan, Rachelle Agbossou, Naomie Tchiakpè et Denise Ishola, la chorégraphe.
L’histoire tourne autour de la responsabilité de l’homme dans le ménage. Il est dénoncé ici le comportement d’un père de famille qui a pour préoccupation essentielle, le football, l’abus de l’alcool et autres inconduites. Un homme qui fait peser de lourdes charges du ménage sur sa femme.
‘’Algorithme’’ est une peinture de la débauche en pleine expansion avec les réseaux sociaux. L’intelligence artificielle inoculée au téléphone portable qui se révèle un désastre pour la jeunesse sexuellement en déperdition.
Ici également ils sont quatre danseurs mais cette fois-ci trois hommes et une femme : Fréjuce Ogou, Iréné Vicého, Yvon Ekué et Lucrèce Atchadé, conceptrice du spectacle.
‘’Le bien et le mal’’, sous la chorégraphie de Bonaventure Sossou, est un duo dans lequel il joue avec Rodolpho Sagbo comme deux jumeaux. Cette chorégraphie donne à réfléchir sur les combats permanents dans la société. Depuis le ventre, les jumeaux sont en conflits. Une fois dans le monde, le combat s’intensifie. On est en permanence dans des démonstrations de force. Chacun tient à s’imposer comme le plus fort. Ce qui crée des tensions, des guerres dévastatrices, des conflits qui ne font que déshumaniser le monde.
‘’Opprimés’’ plonge dans la problématique de l’injustice que subissent les artisans par la société. Ils sont mal payés, peu considérés. Pourtant, ils ont une place prépondérante dans la société, étant les concepteurs et producteurs des objets utilitaires dans le monde.
C’est un trio qui compose ce spectacle. Une femme et deux hommes à savoir Léonie Sèton, José-Arthur N’dong et Doegam Atrokpo, le chorégraphe en chef.
Traces et transes
Ondulation. Ondoyance. Chaque création est faite de mouvements multiformes, multicolores, collectifs et singuliers par endroit. Le corps parle avec son langage hermétique, plastique, difficile à décoder. Il exprime la douleur, la révolte, l’insoumission, le refus de subir sans jamais rien dire. Walô compagnie danse pour réclamer plus d’égalité entre l’homme et la femme, le respect de la dignité féminine, le bannissement de l’injustice, le traitement des gens avec plus d’humanisme, le bon usage des réseaux sociaux...
Le corps dégage de fortes vibrations qui le font saigner de sueur. D’un bout à l’autre, les danseurs s’appliquent à donner assez d’énergie vitale pour prouver que la vie humaine est sacrée, la personne humaine est sacrée. Il faut travailler donc à faire bouger les lignes qui augurent d’une égalité réelle des sexes sans hypocrisie, dans la cohésion, la considération de l’autre et le respect mutuel.
L’aboutissement de ces créations ne s’est pas fait ex-nihilo. Grâce à l’expertise du Grand Cru, les danseurs ont été entrainés par d’éminents chorégraphes néerlandais comme Feri de Geus, Noortje Bijvoets, Anne Suurendonk, de même que la chorégraphe cubaine Yusimi Rodriguez.
Chacun de ces chorégraphes internationaux a travaillé avec les danseurs pendant leur formation avant qu’ils ne s’éclatent en petits groupes pour créer ces spectacles sur la thématique des droits humains et qui mêlent modernité et tradition.
Fortuné SOSSA