L’association et compagnie de danse Walô vient de mettre à niveau des entrepreneurs culturels et des aspirants à ce métier. La formation s’est déroulée en ligne grâce à un partenariat avec la fondation Le Grand cru, sur financement de l'institution néerlandaise Nuffic.
Connaitre le cadre légal de l’entreprenariat dans son pays, étudier minutieusement le marché, savoir bien concevoir un dossier de financement, s’approprier les astuces pour créer une entreprise culturelle viable.
Ce sont là autant de techniques entrepreneuriales que le docteur Eric Loembet a inoculé aux participants à l’atelier sur l’entrepreneuriat culturel organisé par la compagnie béninoise de danse Walô du 20 au 24 décembre 2021. Universitaire, il est enseignant chercheur et expert culturel, spécialiste en management des entreprises et des organisations culturelles. Il est également un formateur-consultant en entrepreneuriat culturel, social, territorial et créatif.
Pendant ces cinq jours d’activités, le formateur s’est atteler à amener les participants à mieux cerner les notions relatives à la création et à la gestion d’une entreprise culturelle.
« Le docteur Loembet nous a expliqué, entre autres, comment monter un dossier pour financement. » Cette précision est donnée par Nadine Zocli, participante sur place à Walô Dance Center au Bénin à cet atelier de formation sur ‘’L'entrepreneuriat innovant en gestion stratégique et managériale des projets’’. Tout comme elle, Essonoussè Kponhento est très satisfait des notions reçues. Il affirme : « C'est bien important d’avoir ces informations afin de mieux concevoir l'entrepreneuriat dans le domaine culturel. » Il énumère quelques acquis de ladite formation : « Planifier les activités sur plusieurs années, s'entourer des bonnes personnes comme collaborateurs, être à l'écoute de son équipe… »
Financé par la Nuffic, cette formation a réuni des participants aussi bien béninois que congolais, camerounais, gabonais, malien, tchadien, ivoirien, etc. « Les participants du Bénin y ont pris part en présentiel à Walô Dance center. Quant aux autres, ils ont reçu les notions selon l’endroit du monde où chacun se trouve connecté avec son ordinateur », informe Rachelle Agbossou, directrice artistique de la compagnie Walô.
Elle ajoute que le docteur Eric Loembet devait arriver au Bénin pour animer physiquement l’atelier. Mais à cause de la crise sanitaire mondiale due au Covid 19 et surtout la recrudescence de la contamination avec le nouveau variant Omicron, réputé hyper-dangereux, il a préféré le faire par visioconférence. Ce qui a fait que l’association Walô a rassemblé les participants du Bénin dans son centre sis dans la commune d’Abomey-Calavi à une dizaine de kilomètres de Cotonou. Ces derniers proviennent pour la plupart des espaces culturels sur le territoire béninois. L’exigence obligatoire ici est que chacun d’eux doit être titulaire au moins d’un Baccalauréat.
Place à la danse
« La formation à l’entrepreneuriat culturel n’est pas l’activité principale du programme, signale Rachelle Agbossou, c’est une des activités. Le reste des activités sera beaucoup plus du renforcement de capacités en danse. »
En effet, c’est la danse qui constitue l’activité capitale de la compagnie Walô. Ainsi, du mois de janvier à mars 2022, il y aura une série de formation en danse avec divers experts internationaux dans le domaine. Il s’agit de Feri de Geus et Noortje Bijvoets, directeurs artistiques, chorégraphes et formateurs en danse de la Fondation Le Grand Cru, Yusimi Moya Rodriguez, chorégraphe cubaine et Anne Suurendonk, chorégraphe néerlandaise
« C’est à la faveur d’un appel à projet de la Nuffic que cette série de formation se tient », renseigne la directrice artistique de Walô. Au fait, la Nuffic a lancé un programme intitulé Refresher Course, ce qui peut se traduire en français par Cours de rafraichissement ou mieux encore, Renforcement de capacités. Le Grand Cru, organisation spécialisée en formation interculturelle en danse, théâtre, développement personnel, a obtenu entre temps un prix spécial de bonne exécution de différents projets de la Nuffic. Fort de cela, elle a jugé utile de postuler à cet appel à projet afin de mettre à disposition de la compagnie Walô des moyens pour des renforcements de capacités.
Le choix de la compagnie béninoise a été faite par Le Grand Cru parce que toutes les formations dont elle a obtenu le financement de la fondation ont eu des résultats qualitatifs. Rachelle Agbossou en parle avec assurance : « Ce qui les a mis en confiance et toutes les fois que nous demandons au Grand Cru de nous accompagner techniquement sur des idées de formation que nous voudrions à l’association Walô, ils essaient de chercher les bailleurs pour nous accompagner. Un de ces bailleurs, c’est la Nuffic. »
Ainsi, pendant six semaines, le programme de Renforcement de capacités en danse, intitulé par Walô, "Powered By Art - Fueled For Life", sera organisé et exécuté par la Fondation Le Grand Cru en binôme avec l'association Walô, organisation qui lutte pour la dynamisation des arts du spectacle et l'éducation par la danse au Bénin.
Toutefois, à l’intérieur de ce programme de formation en danse seront abordés des thèmes sociaux récurrents en lien avec l'éducation, la santé et les droits sexuels, les questions du genre, les violences sur les femmes et les filles, l'enfance malheureuse, etc. Les formateurs ici sont des Béninois. Il s’agit de Carlos Houessou qui aura à partager ses connaissances en informatique pour la gestion administrative et financière et, de Maître Huguette Bokpè Gnancadja qui aura à charge d’échanger avec les participants sur les droits de l'homme, les violences faites aux femmes et aux filles au Bénin, etc.
Il est à signaler que la Nuffic est une institution qui intervient dans les pays en développement pour des formations universitaires. Mais depuis 2008, la compagnie Walô a obtenu de cette structure de former des danseurs et chorégraphes qui n’ont pas forcément un niveau universitaire.
« En gestation de ces formations en danse de haut niveau, un festival international de danse, en partenariat avec Le Grand Cru », annonce discrètement Richmir Totah, directeur administratif de Walô Dance Center qui, par ailleurs, dévoile que la compagnie a reçu un appui symbolique du Fonds des arts et de la culture pour certaines de ses activités ordinaires.
Fortuné SOSSA
Docteur Eric Loembet, formateur-consultant en entrepreneuriat culturel, social, territorial et créatif