Structure publique de financement des initiatives artistiques, le Conseil des arts du Canada est peu connu en Afrique. Pourtant, il soutient les projets de coproduction internationale.
« Le Conseil des arts finance tout ce qui est recherche, création pure, production, diffusion et rayonnement international des artistes canadiens. » C’est en substance ce qui ressort de la présentation de cet organisme « majeur et dominant » du financement des arts au Canada dirigé par Simon Brault. Il l’a fait savoir à Abidjan, en Côte d’Ivoire, aux Journalistes culturels d’Afrique en réseau (Jocar) en présence de Luc Yatchokeu, directeur de Le Kolatier, un Marché africain de la musique qui se tient à Yaoundé au Cameroun. L’idée principale de cette rencontre est d’opérer un partenariat entre le Conseil des arts du Canada et Jocar. Ainsi, la délégation de Jocar a voulu en savoir un peu plus sur le Conseil.
Alors, de façon très ouverte et sans langue de bois, Simon Brault a expliqué que le Conseil des arts soutient par exemple beaucoup de projets de coopération ou de coproduction internationale mais les projets doivent être initiés par des artistes qui sont au Canada avec des partenaires partout dans le monde. « Ce qui est intéressant avec l’Afrique maintenant, souligne-t-il, c’est qu’il y a une forte communauté de la diaspora africaine au Canada et le Conseil a une volonté de soutenir la création de la diaspora africaine et de la diversité dans son sens le plus large. »
Ce qui est encore plus intéressant dans la présentation du directeur, le Conseil reçoit 100% de son budget du gouvernement fédéral du Canada mais une fois le fonds mis à disposition, il est interdit au gouvernement, par la loi, d’intervenir dans les choix des projets à financer. « Une fois nommé par le gouvernement, renchérit monsieur Brault, nul n’a le droit de m’appeler pour m’exiger de financer ceci ou cela. C’est une totale indépendance au niveau des choix de financement. » L’option mise en place est ainsi calqué sur le modèle britannique. Le Conseil des arts est à distance du gouvernement. « On investit pour le gouvernement mais à distance du gouvernement », insiste-t-il.
Le Conseil des arts du Canada appuie essentiellement les créations artistiques contrairement à ce qu’on observe de plus en plus dans les grandes nations du monde : un déclin pour le financement des arts et une volonté affichée pour le règlement des problèmes des industries culturelles. Mais au Canada, c’est un peu l’inverse. Simon Brault détaille : « On mise sur un réinvestissement massif dans les arts, dans les créations et éventuellement d’autres investissements dans les industries culturelles. » Le canada s’est singularisé en prenant cette option. Fort de cela, le gouvernement fédéral a doublé le budget du Conseil pour les cinq années qui vont finir dans douze mois environ.
Pays invité d’honneur à la 11ème édition du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa) tenu en mars 2020, Simon Brault a conduit la délégation canadienne (une centaine d’artistes) à Abidjan. L’objectif, entre autres, pour lui, est de faire connaître le potentiel du Masa au Canada.
Fortuné SOSSA