Eric Azanney, journaliste culturel, est l’auteur d’une pièce de théâtre intitulé ‘’Infiltration’’. Construite en six ‘’intrusions’’, la pièce figure dans le recueil ‘’Au nom de tous ces cons…’’ publié aux Editions Plurielles en 2017. Une satire socioculturelle qui trouve son salut dans les réseaux sociaux.
Dénoncer le mariage forcé ! Ce n’est pas un fait nouveau. Lutter contre le mariage sans consentement mutuel ! C’est une thématique récurrente dans la littérature africaine subsaharienne. Cette littérature a consacré de nombreux livres et chapitres au labour des maux qui ont miné pendant longtemps les sociétés africaines traditionnelles sous les tropiques et dont des poches de résistance existent malheureusement encore. Y consacrer encore son inspiration, cela pourrait paraître désuet.
Mais, justement, pour ne pas passer pour rébarbatif, le jeune écrivain Eric Azanney a su trouver son chemin pour recréer la scène. Il conçoit le sujet autrement. Là où les médias ordinaires ont échoué, les médias sociaux peuvent désormais interagir. C’est ce qu’Eric Azanney a compris et en donne la preuve à travers sa pièce de théâtre ‘’Infiltration’’.
De jeunes gens mobilisés pour empêcher le projet de marier une jeune bachelière à un vieil homme polygame, premier ministre d’un roi aux élans tyranniques. Peaufinant des plans d’actions dans un groupe whatsapp, ils ont pu mettre à contribution tous les réseaux sociaux pour alerter des organisations de la société civile locales et internationales, des partenaires techniques et financiers du roi, des défenseurs des droits de l’homme, des altermondialistes… Bref, toutes les forces vives de la société humaine nécessaires pour exiger du tyran le respect de la dignité humaine.
Le texte du journaliste écrivain Eric Azanney, au-delà d’un appel au numérique pour traiter les faits sociaux, est un écrit qui trace de belles lignes à l’usage des médias sociaux dans la discipline et le sérieux. Eric ne s’est pas laissé aller aux abréviations intenses, intempestives et alambiquées dans lesquelles les utilisateurs cachent souvent leurs médiocrités linguistiques et surtout syntaxiques. Au contraire, il donne à comprendre quelques usages conventionnels souvent abusés à tort et à travers.
Le titre ‘’Infiltration’’ parait donc bien trouver. Les réseaux sociaux sont des infiltrés dans la vie des gens comme des services de renseignements généraux dans certains Etats. Ils prennent la place des discussions conviviales directes dans les ménages et finissent souvent par désunir des couples. Mais ils servent aussi à dénoncer les incongruités sociétales. C’est d’ailleurs intelligent que les différentes scènes à l’intérieur de la pièce soit titrées ‘’Intrusion’’. Tout t’y est élaboré pour montrer que whatsapp et les autres réseaux sociaux constituent d’indispensables outils de socialisation qui peuvent toutefois déteindre sur la socialisation empirique. Tout y est pour montrer que les réseaux sociaux sont un dispositif contributif au développement mais qui peut s’avérer être un goulot d’étranglement quand on n’y prend garde. Car, quand les réseaux sociaux s’infiltrent dans la vie de quelqu’un, ils s’installent comme un objet magnétique sur du fer.
Fortuné SOSSA