Bateaux du dragon ! Le nom paraît fantomatique. « Bateau de quel dragon ? Et il vient accoster aux larges du lac Toho ! », s’est écrié, dimanche, un élève en classe de seconde qui vient de faire son entrée à l’espace Adjadi. Il a lu l’information sur les réseaux sociaux et a décidé de ne pas se le faire conter pour la suite.
Alors, il cherche des yeux les bateaux du dragon. Il tient à s’assurer que les bateaux sont effectivement là avant de questionner sur le mythique animal, le dragon. Il cherche, cherche encore. Point de bateaux de dragon. Du moins, c’est à cette évidence qu’il se rend enfin. Pour s’en assurer, il questionne quelques uns de sa génération. Il finit par apprendre qu’en fait c’est l’expression pour désigner les pirogues en Chine. Il pousse, du coup, un ouf de soulagement. Les bateaux du dragon sont en fait bien présents, mais pas à la chinoise. Ce sont des pirogues joliment décorées que des jeunes par binôme sont entrain de faire accoster ici et là. Il comprend aussitôt que la compétition annoncée se fera par eux.
Donc l’espace Adjadi à Pahou sur la route de Tori dispose aussi de ses bateaux du dragon. Une quinzaine de barques qui tiennent géométriquement sur l’eau et poussées avec des pagaies par de valeureux jeunes béninois habitants dans les environs.
Tout d’un coup, les navigateurs commencent à ramer vers l’autre rive en direction de Gakpé. Des indiscrétions annoncent qu’ils vont démarrer la course à Gakpé pour terminer ici. Cette information se confirme par les organisateurs. Tous les piroguiers compétiteurs habillés en tee-shirts aux couleurs du festival du Printemps chinois vont, sans exception, à l’autre rive effectivement. On les aperçoit au loin, à un écart d’environ vingt minutes de navigation à barque non motorisée comme les leurs.
L’eau est silencieuse avec de petites vagues telles des serpentins. C’est rassurant pour les profanes de la nage entassés aux différents endroits de l’espace Adjadi pour le spectacle. Mais des sapeurs-pompiers sont quand même là pour secourir en cas de besoin.
Dans ce public impressionnant figurent des parents et amis des compétiteurs. Interminablement, ça bavarde dans les sens comme sous l’arbre à palabre au temps immémoriaux. Certains se fonts des paris sur de potentiels meilleurs navigateurs. D’autres regrettent de n’avoir pu être aussi de la course parce qu’ils s’estiment plus performants que ceux alignés pour la compétition.
Puis, on voit la course démarrée tout d’un coup. Un binôme se démarque du reste et prend une longue avance sur les autres. Un autre binôme se détache du groupe par la droite. Chaque binôme navigue de toutes ses forces, autant que faire se peu, avec conviction et détermination. Et fort de cette détermination, le binôme qui a pris de l’avance assez tôt accoste la rive de l’espace Adjadi en premier. C’est un tonnerre d’applaudissement. Les deux ainsi sacrés champions de la compétition sont René GNIKOUE AMOUSSOUVI et Bernard GANGNIZOUNVI. Ils sont suivi de Luc David AGNIFANOU et Maxime HOUNKPATIN puis les frères Darius et Frédéric DAGUE.
Fortuné SOSSA