Trop d’enfants du Mono sont dans les couvents des chefs de la religion endogène alors que leur place se trouve à l’école. C’est un constat partagé entre les enfants, les jeunes et les autorités au plus haut niveau du département.
Le 26 novembre a été un jour d’exploit pour les enfants du Mono, déterminés à voir l’application effective et intégrale de la Convention relative aux droits des enfants dans le département. Leur plaidoyer, présenté par Mireille Amankpassa au préfet Bienvenu Milohin se résume en deux points essentiels : mobilité et traite des enfants et, mainmise des filles dans des couvents vodoun.
Mireille Amankpassa détaille : « Chaque année, des centaines d’enfants dont ceux du Mono quittent le Bénin à destination du Nigeria ou autres pays voisins. Leurs parents, trop pauvres, sont victimes de fausses promesses. » En réalité, ces enfants sont confiés à « des réseaux dangereux qui les vendent pour exécuter de rudes travaux ». Elle ajoute : « Nous savons que beaucoup d’enfants sont victimes de violences et d’abus dans les couvents vodouns. Nos traditions doivent être valorisées mais ne doivent pas être un prétexte pour violer les droits des enfants. »
En ce qui concerne les jeunes, Ginette Otti, en leur nom, a soulevé des préoccupations qui ont trait au chômage et à l’incapacité de beaucoup d’entre eux à poursuivre les études académiques après l’obtention du Baccalauréat. De ce fait, elle plaide pour l’implication des jeunes dans des instances de prise de décisions qui traitent des questions relative à l’enfance et à la jeunesse. Elle désapprouve l’absence de bibliothèque publique dans le département.
A la fin du chapelet égrené par la représentante des enfants, Mireille Amankpassa, elle suggère au préfet de mieux vulgariser les textes et lois de la République qui interdisent les abus et autres formes de violences faites aux enfants. Elle recommande que des contrôles réguliers se fassent au niveau des frontières béninoises, surtout pendant les vacances, afin de décourager à jamais le phénomène de la mobilité des enfants contraire aux lois de la République. Elle propose également au préfet de poursuivre la sensibilisation des Chefs traditionnels sur la nécessité et l’obligation d’envoyer les enfants à l’école et nom les maintenir dans les mailles des couvents.
Le Préfet, très sensible à leur message, annonce : « La problématique des enfants en matière de vulnérabilité, de violence, de non respect des droits se positionne comme l’une des problématiques phares qui doivent appeler nos efforts dans le département du Mono. »
Pour lui, il faut arrêter de dire que l’enfant, c’est l’avenir. Il est ferme à ce propos : « Vous n’êtes pas l’avenir, vous êtes le présent parce que l’avenir est incertain. » Alors il s’explique : « Tout ce que nous faisons ici c’est pour vous. Ç’aurait été de l’énergie gaspillée, des ressources gaspillées si vous n’étiez pas au centre de ce qui s’écrit au plan politique et se traduit en opérationnel à travers des programmes et des projets. »
Pour ce faire, le préfet a informé qu’il a exigé des communes sous sa juridiction de compétence d’inscrire dans leurs budgets exercice 2022, des moyens pour des questions relatives à la santé sexuelle et reproductive.
Fortuné SOSSA