Le département du Couffo fait le lit à un certain nombre d’entraves à l’épanouissement des enfants dont l’envoi des filles très tôt en mariage. Dans leur plaidoyer ce 25 novembre, enfants et jeunes ont relevé cela et recommandent au préfet Christophe Mègbédji de radicaliser la lutte contre le phénomène.
« Dans notre département, le phénomène de l’exploitation des enfants dans les marchés, les carrières et les chantiers, le harcèlement des filles en milieu scolaire et de mariages précoces continuent de mettre nos vies en danger » se déplore Roosvelt Sènou, s’adressant au préfet Christophe Mègbédji.
Roosvelt Sènou est le porte-parole des enfants du Couffo dans le cadre du plaidoyer des enfants pour le respect strict de leurs droits. Plaidoyer initié par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pour amener les enfants et les jeunes à identifier par eux-mêmes les problèmes qui plombent leur développement social et leur épanouissement. Le choix fait par l’Unicef est de les aider à présenter leur plaidoyer à l’autorité préfectorale qui prend l’engagement de renverser la tendance malheureuse.
C’est ainsi que les enfants et les jeunes du département du Couffo ont présenté leur plaidoyer le 25 novembre 2021 au préfet à Aplahoué dans la salle de conférence de la préfecture. Occasion pour le relais des enfants de faire son brillant exposé sur les freins à la jouissance effective de leurs droits.
Au regard du tableau sombre de la situation, nonobstant les efforts visibles du préfet, Roosvelt Sènou plaide pour la sensibilisation des chefs religieux afin qu’ils ne célèbrent plus de mariage de mineurs. Il s’agit donc de les obliger à s’assurer désormais que chaque fille dont ils doivent célébrer le mariage à atteint l’âge de la majorité requise. Roosvelt Sènou demande également d’agir sur les parents :
« Renforcer la sensibilisation auprès des parents qui envoient leurs filles en mariage précoce pour qu’ils comprennent les conditions de vie réelles dans lesquelles elles vivent et enfin la mise en place de comités locaux de surveillance et de veille pour identifier les cas de mariage précoce et décourager les parents. »
Quant aux jeunes, par la voix de Dieudonné Sossougadjoun, ils plaident aussi pour l’intensification de la lutte contre le travail des enfants. A cet effet, Dieudonné suggère à l’autorité d’organiser une table ronde entre les chefs d'entreprises et entrepreneurs qui recrutent des enfants pour les appeler au devoir du respect sans condition des droits des enfants.
« Nous étions prêts, nous sommes prêts et nous seront toujours prêts pour que les enfants soient protégés, qu’ils puissent se développer dans de meilleures conditions et assurer la relève. » C’est la réponse spontanée, directe et franche du préfet Christophe Mègbédji. Il rappelle les nombreuses initiatives en faveur de la protection des enfants dans le Couffo. Il cite même un arrêté préfectoral pris pour interdire la fréquentation des maisons closes aux enfants. Il indique que des visites inopinées sont faites, par la police sous son autorité, sur les carrières afin de décourager l’emploi des enfants sur les sites.
Résolument engagé à sévir contre « les briseurs de rêve », le préfet Christophe Mègbédji appelle les enfants et les jeunes à ne point désespérer de lui : « Chers enfants et jeunes, vous êtes la relève de demain. Nous allons travailler pour vous garantir un avenir meilleur. Ainsi, si vous êtes prêts, je le suis. »
Fortuné SOSSA