Dans un message chargé d’émotion, Sanctuaire Assongba, âgé de onze ans et élève en classe de cinquième, a démontré au préfet du département des Collines combien les enfants souffrent notamment ceux dont les parents sont en prison. La rencontre a eu lieu dans les locaux du centre de santé de Dassa-Zoumé, le 24 novembre 2021.
Par un cas pratique très poignant, le représentant des enfants des Collines a démarré son plaidoyer à l’endroit du préfet Saliou Odoubou. Il se souvient qu’étant au Cours moyen première année, il a eu un camarade de classe dont le père a été mis en prison et ce dernier a abandonné l’école, faute de soutien.
Il poursuit : « Nous savons qu’il y a beaucoup d’autres enfants qui sont dans cette situation et cela est préoccupant. » En dehors de ces cas, Sanctuaire relève également qu’il y a des enfants nés en prisons ou qui vivent avec leurs parents en prison. « Cela nous préoccupe, insiste le jeune enfant, car la place d’un enfant est à l’école et non derrière les barreaux d’une cellule. »
Au regard de cette situation, il plaide pour que l’autorité préfectorale fasse identifier « les enfants dont les parents sont en prison afin que des mesures d’accompagnement leur soient offertes pour garantir leur scolarité et que ceux qui vivent actuellement en prison puissent bénéficier du soutien nécessaire afin qu’ils jouissent de leur droit à l’éducation, à la santé et à la protection ».
A sa suite, Claude Monwènagni, représentant les jeunes, soulève des préoccupations relatives à la consommation de drogues et autres substances nuisibles à leur santé. Ce qui agit négativement sur la qualité des services que la couche juvénile peut rendre à la population. Il évoque, par ailleurs, le problème de l’immigration de certains jeunes vers le Nigeria en quête de mieux-être à cause du manque de déboucher dans le département voire dans le pays tout entier.
Docteur Saliou Odoubou, le préfet du département, en recevant le plaidoyer des enfants et des jeunes annonce : « Ce que j’ai entendu m’amène à dire que, à un moment donné, il faut que chaque responsable puisse dans une logique d’accompagner, d’aider les jeunes et les enfants afin qu’ils jouissent convenablement de leurs droits pour que, in fine, ce dialogue intergénérationnel souhaité entre les jeunes, les enfants et les décideurs puisse se réaliser. »
Le préfet se montre très sensible au message de Sanctuaire qui a choisi d’évoquer essentiellement un problème en lien avec le droit à l’éducation des enfants. « C’est le petit enfant d’aujourd’hui qui devient l’adulte de demain, annonce-t-il. Pour cela, nous devons travailler à ne ménager aucun effort afin que les enfants d’aujourd’hui puissent jouir de leurs droits et devenir des adultes responsables. »
Il renchérit : « Je vais initier un cadre de concertation dans ce sens et je verrai les démarches appropriées qu’il faut pour que les enfants qui se trouvent dans les deux situations presque identiques c’est-à-dire les enfants dont les parents sont en prison et les enfants qui vivent en prison puissent être effectivement pris en charge afin de bénéficier de leurs droits à l’éducation. » Il en va de même des questions de la santé des enfants et de leur protection de façon plus large. « Nous travaillons, déclare le préfet, à ce que cette doléance soit prise en compte. »
Mieux, rassure l’autorité, ce cadre de concertation prendra aussi en compte les problématiques relatives à la jeunesse. « Le réseau des débits de boissons frelatées, informe-t-il, est en train d’être démantelé grâce à la police républicaine. Je vais partager avec vous ce que nous sommes en train de faire pour que vous puissiez continuer la sensibilisation. »
Il adresse alors ses remerciements à l’Unicef qui accompagne cette initiative de relais. A cette étape du plaidoyer, la délégation de l’Unicef a été conduite docteur Docteur François Kampundu, le Représentant résident adjoint au Bénin. Il explique que le plaidoyer est une « activité de cohérence et de cohésion intergénérationnelle entre les enfants, les jeunes et les adultes ». Il souligne que « les adultes ont beaucoup de responsabilités vis-à-vis des enfants et des jeunes pour la vie d’aujourd’hui et pour leur avenir ». Raison pour laquelle ils ont décidé de mener « ce relais pour avoir l’opportunité de présenter leurs plaidoyers au niveau des adultes qui pourront les appuyer, prendre des responsabilités et prendre des décisions qui pourra garantir leur vie d’aujourd’hui et de demain ».
Fortuné SOSSA