Mettre fin à la mendicité et à l’exploitation économique des enfants dans le département de l’Alibori. Cela tient à cœur au préfet Ahmed Bello Ky-Samah. Il l’a exprimé aux jeunes et enfants de la localité le samedi 20 novembre à Kandi, en marge du 32ème anniversaire de la Convention relative aux droits des enfants.
« Nous avons des défis à relever sans état d’âme. Nous devons essayer de dominer les démons. Nous devons surmonter ce qui n’est pas du tout réalité, avec toute l’abnégation et toute la vigueur possible… »
Ainsi s’exprimait le week-end le l’autorité préfectoral de l’Alibori à l’occasion de la réception des plaidoyers de ses administrés enfants et des jeunes à propos des maux qui minent la région et empêchent leur plein épanouissement.
Le chapelet des doléances est assez poignant. Pour Abdoul-Wakil Baba-Agba, représentant des enfants, l’Alibori est confronté au phénomène de la mendicité. « A Kandi, fait-il remarquer, plus de cinquante enfants sont dans les rues, au bord des axes routiers, à la recherche de la nourriture, de l’argent et autres prébendes pour des adultes. » Alors il recommande à l’autorité la mise en place de « mécanismes de suivi et de surveillance » pour une application efficiente de l’arrêté préfectorale interdisant le phénomène de la mendicité dans les communes de l’Alibori.
Quant au porte-parole des jeunes, Affissou Orou Yagou Sabi, il plaide pour l’intensification de la lutte contre les mariages forcés ou précoces, l’élimination du phénomène des enfants Talibé, la création d’espaces de loisirs et de dialogues pour les jeunes notamment dans les Maisons de jeunes et, la création des cybercafés pour eux.
Le préfet, très ponctuel à l’appel du jour, ne s’est pas montré indifférent aux problèmes énumérés par l’un et l’autre. « J’ai écouté avec beaucoup d’émotion le plaidoyer du représentant des enfants et de celui des jeunes, avance-t-il. Mais au-delà de la charge émotionnelle, il faut passer à l’action ; à la limite, il faut réprimer cela. »
Pour Ahmed Bello Ky-Samah, il est inadmissible que l’Alibori qui est le grenier du Bénin, la ceinture cotonnière du pays, soit une région confrontée à des drames au quotidien. Il avance : « Des enfants qui devraient être à l’école se retrouvent parfois au cœur des activités agro-pastorales. Des enfants de moins de 10 ans sont devant des bétails ou dans des champs et des fermes qui exécutent des travaux d’une pénibilité inouïe. » Des enfants qui sont sous le joug de certaines personnes qui devraient en principe les protéger sont ceux-là mêmes qui les incitent à la mendicité, malgré les engagements pris par ces prédicateurs d’aider les autorités administratives à remédier au phénomène.
Pire, des jeunes filles sont victimes de toutes formes de violences basées sur le genre, de diverses formes de mutilation. « On pense avoir endigué ce mal, regrette Ahmed Bello Ky-Samah, mais les acteurs se sont adaptés et ont adopté d’autres stratégies. » Ils arrivent à contourner le dispositif sécuritaire. « Dans les zones frontalières, constate le préfet, il suffit d’enjamber la frontière pour aller faire exciser sa fille à côté ou faire venir des étrangers pour perpétrer cela. » Le constat fait par le préfet aussi bien que le représentant des enfants et celui des jeunes est très amère. Pour ce faire, le Préfet Ahmed Bello Ky Samah a pris la ferme résolution d’endiguer le mal.
Pour Marion Desmurger, intervenant à l’occasion au nom de la Représentante résidente de l’Unicef au Bénin, « c’est un réel plaisir de continuer à intensifier les actions dans cette importante région du Bénin où des progrès ont été faits pour les droits des enfants, même s’il reste encore des défis ».
Fortuné SOSSA