Inculpés respectivement pour coups mortels et complicité de coups mortels, Agbo Affo et Dangnon Affo ont comparu à la barre du tribunal de première instance de deuxième classe d’Aplahoué, ce mercredi dans le cadre du jugement de la treizième et dernière affaire inscrite au rôle de la première session de l’année 2019 où les accusés ont été déclarés l’un coupable de complicité de coups mortels et l’autre acquitté au bénéfice du doute.
Tous de nationalité béninoise, Dangnon Affo cultivateur domicilié à Zondogahoué, arrondissement d’Aplahoué, commune d’Aplahoué, 70 ans, marié et père de quatre (04) enfants est déclaré acquitté au bénéfice du doute tandis que Agbo Affo cultivateur domicilié dans la même localité, 25 ans, marié et père d’un (01) enfant est déclaré coupable de complicité de coups mortels commis sur la personne de Sègla Affo et condamné à la peine de 7 années de réclusion criminelle.
Ce verdict implique que Dangnon Affo qui a comparu libre devant la barre du tribunal, demeure libre de ses mouvements tandis que Agbo Affo retourne dans le milieu carcéral pour purger le reste de sa peine estimé à environs deux (02) ans puisqu’il y séjournait depuis le 13 juin 2014.
Les faits restitués en début d’audience par le président du tribunal d’audience, Hervé Marcel Allavo font état de ce que le mardi 29 avril 2014 à Zondogahoué dans l’arrondissement d’Aplahoué, commune dudit lieu, Cocou Affo, Agbo Affo et Salomon Affo ont attrapé leur frère Sègla Affo qui, la veille, avait pris la fuite après avoir une fois encore volé des chiots et la volaille appartenant à Salomon. Exacerbés par ces vols répétés et suivant les instructions de leur oncle maternel Michel Kpaya en vue d’y mettre un terme, ils l’ont ligoté solidement avec une corde fournie par leur père Dangnon Affo, ont enveloppé en présence de celui-ci ses deux mains de sachets plastiques qu’ils ont aspergé ensuite d’essence issue du réservoir d’une motocyclette avant que Agbo Affo ne mette le feu à cet ensemble combustible à l’aide d’une buchette d’allumette. Abandonné après le forfait sans le moindre soin par ses propres parents, Sègla Affo traînera cette grave brûlure de ses deux mains pendant quelques jours et finira par rendre l’âme dans la matinée du 07 mai 2014 sans doute suite aux complications potentiellement mortelles de sa situation. Sa dépouille sera inhumée par les siens dans la clandestinité le 08 mai 2014.
Ecoutés à la barre du tribunal ce mercredi, Agbo Affo, le principal inculpé et Dangnon Affo, père de la victime ont fait leurs aveux quant aux faits mis à leurs charges. Regrettant son implication active dans les sévices corporels infligés à son frère et qui auraient certainement occasionné la mort de ce dernier, Agbo Affo a demandé la clémence du tribunal en charge du jugement des accusations mises à son encontre.
Invité à prendre la parole pour ses réquisitions, le Ministère Public, représenté par le Procureur de la République Fidèle Iko Afé après avoir qualifié ce treizième dossier inscrit au rôle de la première session criminelle du tribunal de première instance de deuxième classe d’Aplahoué de drame familial qui, selon lui, est également un drame social, et vu que les accusés depuis l’enquête préliminaire jusqu’à la barre sont restés constants dans les déclarations, a invité le tribunal à retenir Agbo Affo au principal dans les liens de l’accusation de coups mortels et Dangnon Affo dans ceux de complicité de coups mortels.
Prenant ainsi appui sur l’aspect physique à l’audience de Dangnon Affo et surtout sur les conclusions de l’expertise médico-psychologique qui faisaient état de son inaccessibilité à une sanction pénale, le Procureur de la République a requis une peine assortie de sursis à son encontre et une peine de quinze (15) années de réclusion criminelle à l’encontre de Agbo Affo.
La défense de Dangnon Affo assurée par l’avocat Richard Adékou, substituant son confrère, Rafiou Paraïso empêché, a, dans sa plaidoirie, sous le couvert de l’enquête de moralité et des témoignages favorables à son client, de l’absence d’acte de décès dans le dossier et du manque de preuve qui puissent attester que la victime est décédée des suites des coups mortels et des brûlures, au principal demandé au tribunal de disqualifier les faits de complicité de coups mortels en faits de non assistance à personne en danger.
Au subsidiaire, maître Adékou a plaidé l’acquittement au bénéfice du doute pour son client puisque, estime-t-il, « trois noms à savoir Cocou Affo, Salomon Affo et Michel Kpaya toujours en fuite reviennent constamment dans le cas d’espèce et donc les fuyards seraient les véritables auteurs ».
Invité à prendre la parole pour sa plaidoirie, la défense du principal accusé Agbo Affo assurée par maître Guy Dossou est lui aussi revenu sur les insuffisances de pièces constatées dans le dossier en mettant surtout l’accent sur l’absence d’expertise médicale constatant le décès notamment l’autopsie du cadavre de Sègla Affo. Se basant donc sur l’absence de cette pièce, la défense de Agbo Affo a indiqué que rien ne permet d’établir le lien entre la mort de Sègla Affo et les coups et les plaies issues des brûlures dont il a été victime.
Par ailleurs, vu que l’enquête de moralité et le rapport de l’expertise médico-psychologique sont favorables à Agbo Affo, l’avocat Guy Dossou a estimé qu’aucun élément ne justifie la responsabilité pénale de son client.
C’est donc au regard de ces observations qu’il a, au principal, plaidé l’acquittement pur et simple de son client, au subsidiaire le bénéfice du doute et au très subsidiaire demandé sa condamnation simplement au temps déjà passé en détention préventive.
Dans sa très longue délibération, le tribunal a déclaré Dangnon Affo acquitté au bénéfice du doute conformément aux articles 360 à 363 du Code de procédure pénale et Agbo Affo coupable de s’être rendu complice de coups mortels commis sur la personne de Sègla Affo, faits prévus et punis par les articles 22 et 509 en son alinéa 5 du Code pénal en le condamnant à 7 années de réclusion criminelle conformément aux articles suscité ensemble avec les articles 249 à 383, 361 et 826 à 833, 365 du Code de procédure pénale et les articles 6, 34 et 35 du Code pénal.
Le tribunal qui a connu du treizième et dernier dossier inscrit au rôle de la première session criminelle de l’année 2019 du tribunal de première instance de deuxième classe d’Aplahoué est composé de président, Hervé Marcel Allavo, des assesseurs : Jocelyn Gbaguidi, Herbert Solévo, Firmin Amoussou et Thierry Ahovè. La plume est tenue par le greffier en chef maître Alain Kakpo et le Ministère Public représenté par le Procureur de la République Fidèle Iko Afé.
Aplahoué, 04 Septembre 2019