Quinze ministères forment la haie contre la consommation et le trafic des stupéfiants au Bénin. Invités à Café Médias Plus, trois des membres exposent les stratégies mises en place pour faire baisser l’ampleur du phénomène voire éradiquer sa présence sur le territoire national.
« La nécessité d’opérer des réformes dans les politiques de lutte contre l’abus et le trafic de drogue au Bénin. » Ce thème a fait l’objet du panel au rendez-vous hebdomadaire de la presse béninoise Café Médias Plus du vendredi 25 juin 2021 à la Maison des Médias Thomas Megnassan à Cotonou, en marge de la journée mondiale de lutte contre les stupéfiants. Au titre des panélistes, professeur Magloire Gansou, directeur du Centre national hospitalier universitaire psychiatrique de Cotonou, commissaire de police Bachirou Sidi Ibrahima, secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre l'abus des stupéfiants et des substances psychotropes (Sp-Cilas) et docteur Lise-Hélène Pourteau Adjahi, responsable de mission au sein du projet Réduction des risques de l'Ong Médecins du Monde en République de Côte d’Ivoire.
Organisée avec l’appui de Social Watch Bénin, une faîtière des organisations de la Société civile, cette rencontre a permis de mieux outiller les professionnels des médias sur les conséquences qu’engendre la consommation de la drogue et les stratégies mises en œuvre par l’Etat béninois pour combattre le fléau. Intervenant au nom de Social Watch Bénin, Bruno Houessou, chargé du suivi-évaluation et de la communication, annonce : « Cette thématique pose une problématique de santé publique que nous avons jugé utile de partager avec les spécialistes de la santé mais aussi les hommes des médias ».
Dans cet ordre d’idée, le professeur Magloire Gansou, en introduisant le panel, affirme que « la lutte contre les stupéfiants est une lutte que tout le monde doit mener, même s’il y a des spécialistes de la question il est important que tout le monde s’implique dans cette lutte. » En effet, au regard de l’ampleur du phénomène, le Bénin a mis en place le Comité interministériel de lutte contre l'abus des stupéfiants et des substances psychotropes (Cilas). Il est composé de quinze ministères dont cinq permanents. Il s’agit, entre autres des ministères en charge de l’Intérieur, de la Justice, de la Santé, etc. Le professeur Gansou siège d’ailleurs au sein du Cilas en tant que point focal du ministère de la santé. Il explique que la lutte contre le trafic des stupéfiants tient compte de trois axes : la réduction de l’offre relative à la saisine des marchandises, l’arrestation des trafiquants…, la réduction de la demande c’est-à-dire la prise en charge de la santé des consommateurs…, et la prise en charge des risques.
Selon le docteur Lise-Hélène Pourteau Adjahi, il s’agit pour l’Etat béninois à travers les acteurs de la santé de dispenser « les meilleurs techniques pour prendre en charge les consommateurs de drogue ». Car les « toxicomanes sont neuf fois plus exposés à la tuberculose que les autres ». Elle poursuit : « Lorsque je reçois un sujet en tant que médecin, je cherche à comprendre le mal qui l’a amené tout en ayant un regard sur ses réactions. » Ainsi, toute personne qui est sous le coup de la dépendance d’un stupéfiant est un malade qui a besoin d’être soigné. Pour ce faire, insiste le docteur Pourteau Adjahi, il faut intensifier la sensibilisation dans les milieux scolaires, universitaires et partout ailleurs.
« Nous, nous sommes là comme l’interface entre le gouvernement et la communauté internationale », affirme le secrétaire permanent du Cilas, Bachirou Sidi Ibrahima. Sur les actions de sensibilisation du Comité interministériel, il renchérit : « Nous ciblons des écoles, les artisans, les politiques, avec qui nous échangeons pour les sensibiliser. Nous projetons aller à l’assemblée pour dire aux députés ce que nous faisons et ce que nous attendons d’eux. »
Au terme de la loi, aucune « différence n’est faite entre le consommateur et le trafiquant ». Le commissaire Sidi Ibrahima précise : « Quand le policier arrête un consommateur ou un trafiquant de drogue, c’est le procureur qui juge de la suite de sa liberté. » La drogue s’entend « toute substance synthétique ou naturel dont la consommation modifie le comportement de l’homme ». Afin d’asseoir une veille plus accrue, chaque famille doit avoir un regard bienveillant sur les enfants.
Fortuné SOSSA