Lansoudé Dahouè a comparu, vendredi, à la barre du tribunal de première instance de deuxième classe d’Aplahoué en vue de clarifier aux membres dudit tribunal, les faits de viol, de menaces verbales de mort sous condition et de pratiques de charlatanisme sur mineure mis à sa charge dans le cadre du jugement du cinquième dossier inscrit au rôle de la première session de l’année 2019.
De nationalité béninoise, Lansoudé Dahouè, cultivateur âgé de 33 ans est déclaré coupable d’acte de pénétration vaginale par le sexe d’autrui sur mineure de moins de seize ans notamment V.E. et d’avoir dans les mêmes circonstances réellement menacé de mort E.S. avec cette remarque que ladite menace a été faite avec ordre de ne pas révéler à ses parents certaines pratiques auxquelles il l’a soumise aux termes des dispositions de l’article 332 du Code pénal et de l’article 3 de la loi n° 2011-26 du 09 janvier 2012 portant prévention et répression des violences faites aux femmes.
Le tribunal statuant en matière criminelle et conformément aux dispositions de l’ensemble des articles 361,226, 233, 370 et suivants du Code de procédure pénale, 34, 35, 36, 37 et suivants du Code pénal a condamné Lansoudé Dahouè à 7 années de réclusion criminelle au terme de sa délibération.
Ce verdict conditionne l’accusé à retourner en prison pour purger le reste de sa peine puisqu’il est en détention provisoire depuis le 04 novembre 2013.
Les faits de l’espèce révèlent que le 24 octobre 2013 à Kogbétohoué, arrondissement de Hondji, commune de Klouékanmè, V.E, a été chargée par Ferdinand Sètondji de remettre à Agbo Gaméfio un plat de pâte rouge et de la viande de poulet issu d’un sacrifice. Arrivée à son domicile, elle fut reçue par Lansoudé Dahouè. Ce dernier profitant donc de l’absence de son hôte a imposé à V.E. des relations sexuelles. A la fin, il lui fit des menaces verbales de mort si elle révélait ce qu’il venait de lui faire.
Prise de panique, V.E s’en est ouverte à sa mère aussitôt rentrée et c’est à l’occasion que E.S a eu le courage de révéler que la veille déjà il avait tenté pareille chose en lui faisant des scarifications sur le corps notamment au tour de la hanche. Ce n’est que grâce à l’entourage qu’il a été appréhendé.
A l’instruction à la barre ce jour, l’accusé a nié les faits mis à sa charge quand bien même à l’enquête préliminaire il les avait reconnu avec quelques variations au moment de sa première comparution devant le magistrat instructeur.
Invité à faire ses observations, maître Caster Azia l’avocat de la partie civile entre temps décédée, en plus du viol a demandé que le tribunal retienne contre l’accusé les faits de menaces verbales de mort sous condition et de pratiques de charlatanisme ainsi que sa condamnation aux peines qu’il plaira au Ministère Public de requérir. Justifiant l’existence de préjudice subi par la victime et ses parents il a enfin demandé que le tribunal condamne l’accusé à payer à la victime la somme de cinq millions (5.000.000) de francs CFA à titre de dommages et intérêts.
Dans ses réquisitions, le Ministère Public représenté par le magistrat Djimila Kalifa a d’abord souhaité que la mémoire de la première victime soit respectée et que celle de la seconde soit sauvegardée. Il a, ensuite demandé au tribunal de retenir Lansoudé Dahouè dans les liens des accusations de viol et de menaces verbales de mort sous condition et enfin sa condamnation à huit (08) ans d’emprisonnement ferme. Se prononçant sur la demande de constitution de partie civile des ayants droit de V.E. et Mélanie Gamèfio, mère de E.S., il a requis que le tribunal y soit favorable.
Prenant la parole en dernier maître Bonaventure Essou pour le compte de la défense, a fait observer que les faits déférés devant le tribunal constituent une machination familiale sur fond de revendication de droit de propriété foncière. Se basant par la suite sur l’article 3 de la loi n°2011-26 du 09 janvier 2012 portant prévention et répression des violences faites aux femmes, il a fait relever au tribunal que le viol suppose pénétration et qu’en l’espèce le certificat médical établi le 25 octobre 2013 à l’hôpital de zone de Klouékanmè mentionne que le doigt vaginal n’a pas pu pénétrer le sexe de l’enfant.
Par ailleurs, le fait que le rapport de l’expertise médico-psychologique réalisé le 12 décembre 2017 par le psychologue Ildevert Egué renseigne que Lansoudé Dahouè dispose de facultés mentales et intellectuelles altérées, présente des anomalies mentales qui peuvent avoir d’incidences sur son comportement et que son état actuel nécessite urgemment une hospitalisation dans un centre adéquat pour une meilleure prise en charge, suffisent pour au principal l’acquitter pour cause d’irresponsabilité pénale et au subsidiaire, le condamner au temps déjà passé en détention.
Dans sa délibération, le tribunal a déclaré Lansoudé Dahouè coupable d’infractions de viol sur mineure, de menaces verbales de mort sous condition et de pratiques de charlatanisme en le condamnant à 07 années de réclusion criminelle ainsi qu’au paiement à titre de dommages et intérêts des sommes de un million (1.000.000) et cinq cent mille (500.000) francs CFA respectivement à Léontine Kogbéto et Mélanie Gamèfio.
Le tribunal qui a connu de ce cinquième dossier est composé de, président Maximilien Kpèhounou, assesseurs : Antoine Houézé, Herbert Solévo, Jocelyn Gbaguidi et Gédéon Adjiboyé.
La plume est tenue par le greffier Théotime Gnanha et le Ministère Public représenté par le magistrat Kalifa Djimila.
Aplahoué, 23 Août 2019